Le timing est
très probablement l’outil le PLUS important de toute votre boite à outils.
Pourquoi? Parce que sans le timing, c’est le conflit assuré. C’est d’ailleurs
la cause de nombreux problèmes et conflits avec les équidés. La principale
façon dont apprennent les chevaux c’est par le conditionnement opérant (le
cheval nous offre un comportement désiré, il est récompensé) et par le
conditionnement classique (associer une réponse connue à une réponse inconnue
pour avoir le comportement désiré), dans les deux cas c’est par conditionnement
que le cheval apprend. Un lien de cause à effet simple, on impose une pression
et s’il se déplace, cette pression s’en va, donc pour être récompensé, il doit
se déplacer. Et si la pression se retirait trop tard? Et si la pression se
retirait trop tôt? Et si elle ne se retirait jamais? N’oublions pas qu’un
cheval fait un lien entre un comportement et une récompense lorsqu’elles sont
séparées de 0,5 seconde ou moins… Ce qui veut dire qu’un manque de timing
pourrait rendre le cheval confus ou frustré, car il ne comprendrait pas du tout
ce qu’on attendait de lui! S’il est incapable de reconnaître la demande, car le
retrait du stimulus n’est pas fait au bon moment, il ne saura pas comment y répondre.
Une demande claire, associée a cette réponse |
Un mauvais
timing peut récompenser un mauvais comportement si le stimulus se retire trop
tôt. C’est souvent ce qui arrive lorsqu’un comportement non désirable apparaît chez le cheval : mordiller pour avoir des friandises, donner des coups de tête
pour avoir de l’attention, mettre les oreilles en arrière pour avoir sa moulée
plus rapidement, se frotter la tête sur son maître afin qu’il la lui gratte,
etc. Au lieu d’attendre que le comportement cesse, le cavalier va céder et
répondre aux désirs du cheval. Si ces comportements sont encouragés de cette
façon, ils resteront et se développeront. Le mauvais comportement est alors
récompensé, s’installera et deviendra encore pire avec le temps, car le cheval
sait qu’il est possible d’avoir ce qu’il désire avec un peu d’insistance. Plus
ce comportement sera installé depuis longtemps, plus il faudra de la patience
pour le faire partir. Comme le cheval sait que son bipède finit toujours par
lui céder, il sera très insistant, mais la fermeté sera la clef. Un non restera
un non et le comportement finira par atteindre l’extinction (procédé par lequel
un comportement qui n’est plus jamais récompensé finira par s’arrêter… Bon ou
mauvais!).
La récompense est très importante lors du travail |
Un mauvais
timing peut aussi créer des comportements indésirables si le stimulus se retire
trop tard! C’est aussi un cas classique qui mène un cheval à la confusion et la
frustration. Par exemple : on demande au cheval d’arrêter en tirant sur
nos 2 rênes, le cheval stoppe et on garde la pression… Le cheval ne comprend
pas pourquoi la pression est encore là, il doit avoir donné une mauvaise
réponse, il continue de chercher la bonne réponse, il recule, il reçoit
quelques coups de cravache ou de talon, il se cabre légèrement, le cavalier est
surpris, il relâche la tension des rênes… Le cheval a trouvé la réponse désirée,
même si ce n’était pas la bonne, c’est celle qui lui a permis de mettre fin à
la pression. Le cavalier ne comprend pas du tout pourquoi son cheval a fait ça
et il perd un peu confiance, il tiendra son cheval encore plus serré la
prochaine fois. Le cheval, lui, a enregistré cette réponse dans son répertoire
et la donnera de plus en plus rapidement lorsque le cavalier fera la même séquence
de comportements, il est même possible qu’à un moment le cheval n’attende plus
la séquence complète avant de donner cette réponse. Encore une fois, plus le
temps passera, plus la réponse s’encrera et plus il faudra de temps pour
l’amener à l’extinction.
La seule
motivation du cheval, c’est lorsqu’il obtient le retrait de la pression ou un
ajout gratifiant (une pause, gâterie, des grattouilles au garrot… quelque chose
de payant pour lui), c’est tout! C’est ce qui motivera un cheval tout au long
de sa vie! Il ne fera pas les choses pour vous faire « plaisir »
ou pour être « gentil », et ne fera pas non plus de bêtises
simplement pour être « méchant » envers vous ou pour se « venger »
de quelque chose que vous auriez fait, c’est un animal, un animal merveilleux,
qu’on adore tous, mais c’est un animal et sa pensée n’est pas aussi complexe
que la nôtre dans le résonnement. Il faut donc savoir ce qui motive le cheval
et faire très attention de récompenser au bon moment afin d’éviter tout conflit
ou confusion chez lui. Plus nous serons précis, plus il apprendra vite! Cette
précision dans le timing demande du temps et de l’apprentissage de notre part,
il n’est pas toujours évident de relâcher au bon moment, ou de relâcher au bon moment sans reprendre tout de suite.
Car ça aussi c’est un défi, surtout avec les chevaux énergiques, c’est déjà difficile
de relâcher la pression et encore plus de ne pas la reprendre, par peur de
perdre le contrôle… Et pourtant… Véronique de Saint-Vaulry en parle d’ailleurs
souvent dans ses livres, plus on tient un cheval énergique, plus il sera agité.
Notre bon sens nous indique de le tenir, mais ça ne fait qu’empirer les choses.
Parfois, il faut avoir confiance, souvent même, on en reste souvent surpris!
Le timing il y
a moyen de le travailler, de le rendre plus précis, de le développer. Cela peut
être avec des simples exercices au sol entre bipèdes, on se fait des séances
entre copains où l’un joue l’animal et où l’on fait subir toute sorte de bêtise
à l’autre afin qu’il ait des simulations convaincantes avec lesquelles
travailler. Pour avoir un bon timing il faut aussi développer son sens de
l’observation. Pour une progression efficace, il faut récompenser la plus
petite des bonnes réponses au bon moment! Parce que si on prend
de trop grosse bouchée du premier coup, on va perdre la motivation du cheval.
C’est avec un bon sens de l’observation qu’on pourra détecter le plus petit pas
dans la bonne direction! C’est aussi avec cela qu’on peut éviter bien des
accidents, un cheval en apprentissage peut commencer par vouloir éviter la
pression et se défendre, il faut surveiller les signes et agir avec la plus
grande sécurité, même avec un cheval que l’on connait bien, car il reste un
animal avec des instincts de survie qui peuvent prendre le dessus à tout
instant! La prudence est votre meilleur allié pour continuer d’être auprès des
chevaux encore longtemps.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire