Cette
notion est un art important de l’équitation, l’art du dosage et du tact mit
ensemble. L’art de mettre un pied sur la limite de notre compagnon, le pousser
juste assez pour lui permettre de se dépasser sans toutefois dépasser cette
limite et mettre en péril sa confiance. Cette notion il a fallut que je la
travaille avec Sonara, j’ai dépassé ses limites quelques fois, puis je ne les
ai pas assez poussés, pour finir par arriver à trouver où se trouve sa limite
et à la repousser petit à petit. Pourquoi? Parce que ma petite Sonara, toute
timide et délicate qu’elle est, ne dépassera pas ses limites par elle-même, n’ira
pas plus loin et restera dans ses peurs et ses craintes si je ne les travails
pas… Si je veux que
ma jument prenne confiance en moi
et surtout en elle-même, je dois la pousser un peu et lui montrer que même si
la chose parait effrayante, il ne lui arrivera rien. Tout en gardant à l’esprit
qu’elle peut se retirer si la chose en question devient trop intense pour elle.
Ce n’est pas la laisser gagner, c’est simplement lui faire comprendre qu’elle
ne sera pas forcée, mais accompagnée dans le processus. Lui montrer que je ne
lâcherai pas l’affaire sans pour autant la forcer à le faire, elle pourra
reculer pour mieux avancer. Lui laisser une pause, même si cette pause vient
après un NON, pour laisser retomber les émotions et repartir sur une meilleure
base, avec une approche plus lente. De toute façon, un cheval qui travail dans
le stress et la peur n’apprendra rien, mieux vaut prendre une pause, laisser
son cheval se calmer et repartir dans un meilleur état d’esprit. Et donc voilà pourquoi ce n’est pas le laisser
gagner (je déteste ce terme d’ailleurs, on ne s’en va pas en guerre que je
sache), c’est simplement le préparer pour le succès! Ne jamais envoyer son
cheval mal préparé, c’est l’envoyer droit vers l’échec… Rien de pire pour miner
sa confiance.
Cette
notion c’est apprendre à danser au dessus de la limite, de pousser juste assez
pour que son cheval puisse apprendre à se dépasser, à gérer ses émotions et à
vaincre ses peurs, sans pourtant être englouti dans ces émotions et ces peurs.
Parce que pousser la limite trop loin et trop rapidement peut mener à ce qu’on
appel du « flooding », en inondant un cheval dans un stimulus jusqu’à
ce que ce dernier ne réagisse plus… En fait, avec cette méthode, soit il ne réagit plus, ce qu’on appel
« learned helplessness », soit l’impuissance apprise, soit il est
traumatisé… Ni l’un, ni l’autre n’est une expérience saine. Dans l’un le cheval
ne bouge plus, il fige, mais n’est pas calme et n’a pas moins peur, il a
simplement appris que pour que tout ce cirque s’arrête, il ne doit pas bouger
et
attendre sagement qu’on lui retire
l’objet. Il reste pourtant tendu et on peut voir à son langage corporel qu’il
est inquiet. Dans l’autre, on termine avec des séquelles extrêmement difficiles
à éliminer par la suite. Des traumatismes profonds reliés à l’objet de la
désensibilisation, entraînant des réactions violentes voire dangereuses… Le
contraire de l’effet recherché. Pousser la limite trop rapidement est aussi
souvent la cause de bien des accidents… On a voulu aller trop vite et le cheval
a décidé de nous rappeler les bonnes manières. Ou il a simplement eu si peur qu’il
a ressentit le besoin de « sauver sa vie » et donc voilà que notre
dada nous bouscule si fort qu’on se blesse. Beaucoup d’accidents sont le
résultat de mauvaises communications et de limites poussés trop rapidement. Et
si, au contraire, on ne pousse jamais la limite, on stagne, on ne stimule plus
le cheval, on ne l’aide pas non plus à apprendre à gérer ses émotions et à
faire face à ce qui l’entoure.
Comme toujours, la réponse se trouve au milieu… la réponse se trouve
toujours au milieu. Aller dans les extrêmes n’est jamais une bonne chose car on
entre dans le dogmatisme… On se ferme, on s’enferme, on ne peut plus (ou on ne
veut plus) évoluer. Il faut donc trouver le juste milieu et ce juste milieu
sera en constante évolution, c’est ce qui est bien avec les chevaux, les choses
ne sont jamais fixes, tout est toujours en
mouvement. La limite peut être de 2 foulées de
galop un jour et de 6 le lendemain! Désenchaîner un seul saut un jour et puis de
pouvoir en faire 3 de suite la semaine suivante. Dès qu’on trouve la limite, le
but est de la faire changer, de la faire progresser, petit à petit. Et un jour
peut-être, lorsque notre dada se fera vieux, il faudra apprendre à la faire
reculer, petit à petit, alors que son corps ne pourra plus en offrir autant, il
faudra faire le processus inverse et respecter ses limites changeantes et
restreintes. C’est ce qui est beau dans notre histoire avec les chevaux, les
limites ne sont jamais vraiment établies, elles se dictent jours après jours,
elles s’écrivent pages par pages. Chaque jour peut nous réserver une nouvelle
surprise, un petit moment magique lorsque ces limites explosent d’un seul coup
et que l’instant d’une seconde, plus rien n’existe entre le cheval et nous, on
se comprend, on se fait confiance… Et cela, on ne peut l’atteindre qu’en
respectant toutes les limites que nous impose notre cheval et que lorsqu’il
respecte toutes les notre, car c’est là la base de toute relation.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire