L’obésité du cheval moderne: une révision
Introduction
Dans les pays
industrialisés d’aujourd’hui, les chevaux, tout comme les gens, ont
tendance à faire plus d’embonpoint qu’autrefois. Les chevaux ne sont plus
utilisés pour travailler de longues heures dans les champs ou pour transporter
toute la petite famille. Aujourd’hui, les équidés sont plutôt des animaux de
compagnies, tout comme les chiens et les chats, mis à part le fait qu’on ne
peut les faire dormir sur notre lit. Certains chevaux sont encore utilisés à
des fins commerciales, comme avec les animaux de compétition, mais la plupart
des chevaux sont en fait des animaux de compagnies utilisés à des fins de
loisir. Ceci, ajouté au fait que les chevaux d’aujourd’hui ne sont plus hébergés
dans les conditions précaires de leur ancêtre, a créé un nouveau
problème : l’obésité. De plus en plus de chevaux de nos jours sont gardés
sur une routine d’exercice légère à modérer (parfois même simplement en
entretient et ne travaille pas) et ont accès à un fourrage de qualité toute
l’année, même en hiver. Comme ils sont aujourd’hui des compagnons plutôt qu’un
outil de travail, les chevaux ont accès à des soins de première qualité et à
beaucoup d’amour, un amour parfois malsain. En effet, ils sont souvent trop
nourris par amour. Il est important de comprendre ce problème parce qu’il peut
avoir un impact très important sur la santé des chevaux. Pour comprendre le
problème nous devons en comprendre tous les aspects : qu’est-ce qu’un
cheval obèse, comment déceler l’obésité, comment bien évaluer un état de chair,
quelles sont les causes de l’obésité, quelles en sont les conséquences, comment
gérer le problème de façon saine et efficace, savoir ce qu’est un poids sain et
finalement savoir quoi faire une fois le poids sain atteint. Comprendre tout
cela permettra de mieux comprendre, gérer ou éviter l’obésité. Ce problème
étant sérieux et de plus en plus fréquent, il sera très important de le
prévenir afin d’éviter les conséquences néfastes sur la santé des chevaux.
Qu’est-ce que l’obésité et comment la décelé ?
Pour s’assurer
de bien comprendre l’obésité, il faut s’assurer de connaitre ses composantes.
La plupart des propriétaires de chevaux ont tendance à sous-estimer le poids et
la condition de chair de leurs chevaux. La plupart considèrent leurs chevaux en
état de chair optimale alors qu’ils sont gras et considèrent comme légèrement
gras des chevaux obèses. Il est donc très important d’apprendre à faire une
évaluation objective du poids de son cheval. Par définition le mot obèse veut
dire : très gras, corpulent (Canadian Oxford Dictionary, 2014). Un cheval
obèse aura des dépôts de gras partout sur son corps. Il y a plusieurs façons
d’évaluer l’état de chair et la condition corporelle d’un cheval : la
charte d’état de chair, la charte de dépôt de gras de l’encolure ainsi que la
formule d’estimation du poids. Pour un meilleur résultat, tous ces outils
peuvent être utilisés pour évaluer la condition globale du cheval.
État de chair
L’état de chair
(Body condition scoring en anglais (BCS)) est probablement l’outil le plus
utilisé afin d’évaluer la condition de chair d’un cheval. Il existe deux
chartes d’état de chair : celle en 9 points et celle en 5 points (Cavanagh
and Turnan, 2014). La plus utilisée est celle de Henneke et al. (1983). Elle
classifie l’état de chair des chevaux en 9 catégories : émacié (1), très
maigre (2), maigre (3), modérément maigre (4), modéré (5), légèrement gras (6),
gras (7), très gras/obèse (8), extrêmement gras/obèse (9) (NRC, 2015). Pour
plus de détails, vous référez à la figure 1 ci-dessous.
Figure 1 body scoring charts of Henneke et al. 1983
Pour évaluer la cote de chair, 6 points
précis sur le corps du cheval sont utilisés : l’encolure, le garrot, les
reins, la naissance de la queue, les côtes et l’épaule (figure 2 ci-dessous).
Ces régions sont promptes au dépôt de gras et sont appelées « fat
pads » en anglais, ce qui pourrait se traduire par plaque/dépôt de gras (Cavanagh
and Ternan, 2014).
Figure 2: the 6 points of fat deposits source:http://hher.webs.com/neglectstarvation.htm
La personne qui procède à l’évaluation
devra faire attention de n’évaluer que le gras et non pas la musculature
(Cavanagh and Ternan, 2014). Certaines races sont plutôt promptes à faire une
très grande masse musculaire qui pourrait ressembler à du gras, mais qui ne
l’est pas.
Gras
de crête d’encolure
Appelée “cresty neck” en anglais (CNS), l’évaluation
de la crête d’encolure consiste à évaluer le dépôt de gras tout le long de
cette dernière. Cette charte est plutôt nouvelle dans le monde équestre. Des
recherches ont démontré une corrélation entre une crête d’encolure très grasse
et un déséquilibre hormonal (Silva et al. 2015). Le BCS est un excellent outil
pour évaluer l’état de chair d’un cheval et la CNS est un excellent outil pour
évaluer les risques de troubles métaboliques (Silva et al. 2015, Frank, 2011).
Par contre, le CNS ne devrait pas être utilisé seul. Certaines races comme les
PRE ou les chevaux canadiens sont prompts à développer des dépôts de gras
d’encolure sans pour autant être très obèses. Il est également à noter que les
étalons peuvent aussi avoir une certaine prédisposition à en développer. Cet
outil seul n’est donc pas recommandé pour évaluer l’état de chair d’un cheval.
Les dépôts de gras d’encolure sont
considérés comme une réserve de gras à long terme, qui peut être utilisé en cas
de privation de nourriture. Certaines évidences démontrent que la crête de gras
pourrait grossir ou diminuer selon les changements métaboliques saisonniers des
chevaux (Giles et al. 2015). Le CNS est un excellent outil qui peut permettre
de mieux évaluer les prédispositions de certains chevaux à développer des
problèmes métaboliques. Cela permettra d’identifier et de surveiller les
chevaux plus à risque et ainsi de permettre à son propriétaire de réduire au
maximum les facteurs de risques de SME (syndrome métabolique équin).
Afin d’aider à la compréhension, la
figure 3 ci-dessous illustre la CNS. Un dépôt de gras excédant 3 demande plus
d’attention, car c’est la limite au-dessus de laquelle les chevaux sont plus à
risque de SME et de fourbure (Giles et al. 2015).
Figure 3 CNS,
Carter, et al. Chart, 2009
Cet outil ne sera pas aussi utile pour évaluer
si le cheval fait de l’embonpoint ou non ; comme les humains, les chevaux
auront un poids idéal différent dépendamment de leur ossature, leur taille, leur
race, etc. Estimer le poids du cheval sera utile pour deux points en
particulier : calculer la ration quotidienne et garder une trace des
variations du poids (mieux évaluer les gains ou les pertes de poids). Il existe
deux formules afin d’estimer le poids d’un cheval : tour de sangle + la
mesure de la pointe de l’épaule à la pointe de la hanche et le tour de sangle +
la mesure de la pointe de l’épaule au à la pointe de la fesse (Cavanagh and
Ternan, 2014). Ces formules sont faites pour les chevaux, les poneys et les
chevaux de trait et sont disponibles en centimètres ou en pouces. Les chevaux
miniatures ont, quant à eux, leur propre formule. Comme les centimètres sont
plus faciles à utiliser que les pouces, c’est ce qui sera utilisé ici pour les
formules.
Figure 4 How to take measurements
Formule cheval (en cm):
Poids (PD) en Kg +/- 10% = ((tour de sangle²)* longueur à la pointe de la fesse)/11880 ou ((tour de sangle²)* Longueur à la pointe de hanche)/8717
Formule
pour mini (en pouce): PD en livre +/- 5% =
(9,36 x tour de sangle) + (5,10 x longueur) – 348,53
** Ces formules ne sont pas destinées à
être utilisées avec les juments pleines et les poulains (Cavanagh and Ternan,
2014).
Pour garder un bon suivi des variations
de poids chez un cheval, assurez-vous de toujours prendre les mesures aux mêmes
endroits et avec le même ruban à mesurer, toutes variations pourraient
entrainer des données erronées. Par exemple, ne mesurez pas un jour à la base
du garrot et le suivant sur le dessus du garrot, le changement de mesure ne
serait dû qu’au cm ajouté par le garrot et non par un réel changement de poids.
Qu’est-ce qui peut causer l’obésité ?
Suralimentation
Une des causes
les plus évidentes et les plus répandues de l’obésité est la suralimentation.
La suralimentation veut dire : offrir trop de nourriture (souvent à
volonté) ou offrir des aliments trop riches (trop calorique). La plupart des
chevaux, de nos jours, ne dépensent pas autant ou plus de calories qu’ils
ingèrent (Shea Porr and Crandell, 2008, Loving, 2009). Lorsqu’un cheval
consomme plus d’énergie qu’il en a besoin, le corps va commencer à emmagasiner
l’excès de calories sous forme de gras (NRC, 2015). La plupart des propriétaires ont tendance à
donner des aliments à haute teneur énergétique (comme des grains et des
concentrés) qui contiennent souvent un haut taux d’amidon. Les aliments à haute
teneur en sucre comme l’amidon sont faciles à digérer, le corps a rapidement
accès à ces types de sucres. Ces sucres simples (hydrate de carbone non
structural) sont faciles à briser une
fois dans le petit intestin comparativement aux hydrates de carbone structuraux
(ceux contenus dans le fourrage) qui demandent plus de travail et de temps à
briser une fois dans le gros intestin (NRC, 2015). Comme ils sont une source
facile et rapide d’énergie, ces aliments sucrés produisent rapidement un pic
glycémique important. Ils sont d’ailleurs beaucoup trop énergétiques pour la
majorité des chevaux de loisirs (Johnson et al. 2012). De plus, les chevaux ont
maintenant accès à des pâturages de qualité qui sont souvent plus nutritifs et
riches qu’ils n’en ont besoin, excédant souvent leurs besoins en énergie et en
protéines (NRC, 2015). Beaucoup de chevaux qui sont au pâturage toute la
journée souffrent souvent d’obésité puisqu’ils ont accès à de l’herbe de
qualité à volonté. Les chevaux ont, à l’origine, évolué pour se nourrir de
pâturage pauvre (Shea Porr and Crandell, 2008), ceci peut expliquer pourquoi il
y a de plus en plus de chevaux souffrant d’obésité et de fourbure de nos jours.
En plus d’avoir
accès à de la nourriture abondante et calorique, les chevaux ne bougent souvent
plus assez. En effet, ils sont souvent hébergés dans des espaces restreints où
ils n’ont pas beaucoup d’espace pour se déplacer et ils vivent souvent dans un
environnement hypo stimulant. Ceci peut causer de l’ennui et lorsqu’ils
s’ennuient, les chevaux peuvent manger bien plus qu’ils n’en ont besoin
(Loving, 2009). Mais comme ils n’ont rien de mieux à faire, ils vont manger
même s’ils n’ont plus faim. Lorsque les chevaux sont hébergés dans des
environnements plus stimulants (non seulement physiquement, mais
psychologiquement), ils peuvent passer plus de temps à faire d’autres activités
que manger (plus de détails dans la section gestion).
Manque d’exercice
Un autre facteur
très important dans la hausse de l’obésité chez le cheval est un manque très
important d’exercice. Les chevaux ont évolué en tant que grande proie
herbivore. Afin d’assurer leur sécurité, les chevaux se déplacent constamment
pour trouver leur nourriture, de l’eau et éviter les prédateurs. Ils peuvent se
déplacer sur plusieurs kilomètres dans une journée (Shea Porr and Crandell,
2008). Dans la nature, les équidés sont en constant déplacement, en captivité,
c’est toute autre chose. La nourriture leur ait offerte dans une mangeoire,
dans un box ou un petit enclos. L’eau, la nourriture et l’abri ne sont jamais
bien loin un de l’autre, ce qui ne les encourage pas du tout à se déplacer.
N’ayant plus besoin de se déplacer par survie, les chevaux, tous comme leur
cavalier d’ailleurs, sont de plus en plus sédentaires. De plus, certains ont encore moins de
possibilités d’exercice étant gardé en box toute la journée et ne sont sortis qu’une
heure par jour, en général, pour être entrainés et/ou pour être mis au paddock
pour quelques heures seulement. Ces chevaux reçoivent de la nourriture de
grande qualité, mais sans grande possibilité (ou volonté) de bouger de façon
volontaire (NRC, 2015). Comme la plupart d’entre eux sont des chevaux utilisés
pour le loisir, ils ne reçoivent bien souvent pas un entrainement régulier et
très intense.
Génétique
Certains chevaux
/ races ont des prédispositions génétiques à développer l’embonpoint. Ce n’est
pas un gène particulier qui les rend obèses, c’est plutôt la façon dont leur
code génétique a évolué dans le temps pour faire face à l’environnement dans
lequel ils se sont développés qui les prédispose à l’obésité. La plupart des
races qui sont prédisposées à l’embonpoint (poney et chevaux) ont bien souvent
évolué dans des climats arides, avec des hivers assez difficiles ou avec des
étés particulièrement secs, rendant la nourriture moins abondante. Par temps de
grand froid, les besoins en énergie des chevaux augmentent de 2,5% à chaque
degré en dessous de -15°C (Cavanagh and Ternan, 2014). Puisqu’une telle
augmentation en apport nutritif n’était pas toujours possible à l’époque, les
chevaux qui étaient plus rustiques et qui étaient meilleurs pour faire des
réserves de gras étaient ceux qui avaient de meilleures chances de survie et
qui étaient également les plus utiles à la ferme. Le même genre de principe
serait applicable pour les chevaux confrontés aux sécheresses : la
nourriture était moins disponible et moins nutritive. Il est également à noter que les juments
ayant un mauvais état de chair (sous 5) étaient moins fertiles et avaient donc
moins de chance de porter un poulain à terme (Cavanagh and Ternan, 2014, NRC,
2015). Les juments ayant plus de gras avaient donc plus de chance de porter un
poulain à terme et donc de lui transmettre cette génétique favorable à leur
survie dans les conditions de l’époque. C’est probablement pourquoi certaines
races ont une forte tendance à l’obésité (même s’ils sont peu nourris): les
géniteurs fondateurs de la race étaient probablement une bande
« d’easy-keeper » (des chevaux qui entreposent facilement le gras).
Les chevaux qui
étaient résistants à l’insuline étaient également avantagés dans ces types de
climats (Treiber et al., 2006) puisque cette condition est possiblement
reliée à certains gènes de « rusticité » ou « d’économie
d’énergie » (Kaczmarek et al., 2016). La résistance à l’insuline pouvait
favoriser les chevaux porteurs à une certaine époque puisqu’elles leur permettaient
de faire de meilleure réserve de graisse pour l’hiver.
Le cheval
canadien, le poney shetland et le poney welsh sont quelques-unes des nombreuses
races rustiques qui pourraient posséder ce type de génétique.
Syndrome métabolique équine (SME)
Le SME pourrait
être placé autant dans les causes que dans les conséquences de l’obésité. Cette
affection est plutôt comme un cercle vicieux : les chevaux obèses sont
plus prompts à développer le SME et les chevaux étant SME sont plus prompts à
devenir obèses (Loving, 2009). Les chevaux obèses sont plus à risque de
développer le SME parce que les cellules adipeuses réagissent aux signaux
endocriniens, plus il y a de cellules adipeuses, plus le cheval à de chance de
développer des irrégularités hormonales. (Loving, 2009). En plus, les chevaux avec cette condition ont
plus de difficulté à perdre du poids parce que leur système est plus efficace
que la norme pour tirer partit la moindre particule énergétique qui y entre (Frank,
2011). Ils font plus avec moins. Tout cela pour dire que ces chevaux tirent un
meilleur avantage de tout ce qu’ils ingèrent que la plupart des autres chevaux (Frank,
2011). Ils peuvent donc être en surpoids même s’ils ne sont pas vraiment suralimentés.
Le SME n’est pas
une maladie en soi, mais un symptôme clinique associé à certaines maladies. En
fait, c’est un ensemble de facteurs de risque qui prédisposent un cheval à
certaines maladies (Frank, 2011).
Les saisons
Les saisons
peuvent affecter le poids des chevaux. Pourquoi ? Parce que jadis, les
chevaux avaient besoin de faire des réserves d’énergie sous forme de gras en
prévision de l’hiver. En effet, comme ils n’avaient pas toujours accès à de la
nourriture soit en quantité ou en qualité, les chevaux faisaient naturellement
des réserves avant l’hiver (Loving, 2009). Heureusement, les chevaux ne
manquent plus de nourriture en hiver et reçoivent de meilleurs soins.
Malheureusement, leur métabolisme ne s’y est pas encore adapté et agit toujours
comme s’ils allaient manquer de nourriture. Les chevaux font donc des réserves
de gras qu’ils n’utilisent pas et finissent donc l’hiver tout aussi gras
(parfois même, plus gras) qu’au début.
Conséquence de l’obésité
Résistance à l’insuline
La résistance à
l’insuline (RI) est probablement une des plus importantes conséquences de
l’obésité de nos jours. Certaines évidences démontrent que la RI peut être
promu par l’obésité (Loving, 2009).
Comme l’obésité peut être reliée à une trop grande consommation de
nourriture riche en hydrate de carbone (Loving, 2009), la RI pourrait
donc également être promu par ce type de nutrition, pas seulement à cause de
l’obésité (comme certains chevaux a l’entrainement sont en bon état de chair,
mais reçoivent une grande quantité de ce type de nourriture).
La RI est un
problème en relation avec les tissues corporels : c’est l’insuline qui
indique aux tissus de capturer du glucose. Lors d’une RI, ces tissus deviennent
moins sensible au signal de l’insuline ce qui résulte en une capacité réduite à
capter le glucose sanguin (Loving, 2009). Puisque ces tissus deviennent moins
sensibles au signal d’insuline, le corps se met à produire plus d’insuline afin
de produire un signal plus fort (Shea Porr and Crandell, 2008). Voilà donc
pourquoi les chevaux RI sont testés en mesurant leur niveau d’insuline
sanguin : Le niveau de ces chevaux est nettement plus élevé que la
moyenne. Il faut tout de même être prudent, le stress peut également faire
augmenter l’insuline sanguine. Il sera donc important d’en discuter avec le
vétérinaire et d’éviter que le cheval soit stressé lors du prélèvement. Si le
cheval a dû être déplacé afin de faire son prélèvement sanguin, il faudra
prendre en compte le stress produit par cela en interprétant les résultats.
La fourbure
La fourbure est
également une conséquence très importante et répandue de l’obésité. La fourbure
a été mise juste derrière la RI puisque cette dernière peut augmenter les
risques de fourbure (Shea Porr and Crandell, 2008), tout comme le SME (Loving,
2009). Mais en fait, tout cela en revient à un facteur de risque
prédominant : l’obésité. L’obésité est un facteur de risque important pour
les deux conditions qui augmentent les risques de fourbure. Le lien direct
entre la fourbure et l’obésité est surtout mécanique : le surpoids met
plus de stress mécanique sur les pieds en leur faisant porter plus de masse. La
conséquence : plus de risque d’hématome, d’inflammation et d’écrasement de
structure à l’intérieur du pied (Loving, 2009). L’obésité peut créer un état
d’inflammation généralisé dans le corps, ce qui peut également s’étendre
jusqu’aux pieds. La fourbure est encore un problème en cours de compréhension,
tous ses mécanismes ne sont pas encore complètement compris.
Le terme
fourbure désigne généralement une inflammation des lamelles dans la capsule du
pied (Loving, 2009). Dans les cas plus lourds, l’inflammation des lamelles peut
devenir si importante qu’elle cause un détachement entre les lamelles de la
muraille et celle de la phalange. Causant ainsi une rotation de la troisième
phalange pouvant être plus ou moins important (Loving, 2009). Dans les cas les
plus avancés, la phalange peut aller jusqu’à perforer la sole ce qui est
extrêmement douloureux et handicapant pour un cheval, cela peut même mener à
l’euthanasie de l’animal. Voilà pourquoi la fourbure doit être prise au sérieux
et traitée dès le début des symptômes. La fourbure touche souvent les deux
antérieures, parfois une seule (ce qui peut arriver suite à une surcharge du
pied opposé lors d’une blessure), plus rarement les quatre membres.
Dès l’apparition
des symptômes, il sera important de faire perdre du poids à l’animal afin
d’éviter d’ajouter plus de stress sur ses pieds (Loving, 2009). Bien entendu,
l’idéal est d’éviter complètement l’obésité et de ne pas attendre une fourbure
pour faire perdre du poids à un cheval, mais une fois le problème présent, il
est primordial de créer un bon programme de perte de poids (sera discuté plus
bas).
* Il est tout de
même important de préciser que la fourbure peut être causée par autre chose que
l’obésité (rétention placentaire par exemple), bien que ces causes soient moins
fréquentes, elles sont tout de même possibles (Loving, 2009).
Trouble orthopédique de développement (TOD)
Les troubles
orthopédiques de développement sont un ensemble de problèmes de développement
chez le poulain. Selon Cavanagh et Ternan (2014), ces troubles incluent :
l’épiphysite, l’ostéochondrose, l’ostéochondrose disséquant (OCD), le syndrome
de wobbler et les déformations angulaires des membres.
L’obésité et
l’excès de nourriture chez le poulain peuvent avoir des conséquences importantes
sur son développement (Loving, 2009). En effet, ce sont des facteurs de risque
pour le développement de TOD ou DOD en anglais. L’excès de nourriture peut même
augmenter les risques de TOD avant même la naissance du poulain : un excès
de nourriture chez la poulinière peut entrainer ce genre de troubles chez le
poulain encore en formation (Loving, 2009).
Lorsqu’un
poulain est en surpoids ou obèse, ses articulations devront supporter plus de
poids et ses os encore en croissance seront soumis à plus de stress qu’un poulain
avec un poids idéal. De plus, l’excès de nourriture va donner tellement
d’énergie au poulain que ça lui permettra de grandir à un rythme très élevé,
plus élevé qu’un poulain recevant une ration plus conservatrice. Ce
développement plus rapide du poulain augmente les risques de développer des TOD
(Huntington, 2012, Cavanagh and Ternan, 2014). Il est également intéressant de
noter que les recherches de Huntington (2012) ont démontré que les poulains
obèses sont souvent de moins bons athlètes une fois adultes. À la vue de tous
ces faits, il sera donc important d’éviter de céder à la tentation de trop
nourrir la poulinière et son poulain. Beaucoup de propriétaires aiment « gâter »
leurs animaux, les chouchouter et leur donner tout ce qu’il leur faut, et
parfois (souvent) plus que ce qu’il ne leur faut. Voir les côtes sur un poulain
en croissance est normal, la plupart des gens pensent que c’est un signe de
maigreur, mais ce n’est pas le cas. Un poulain dont on voit légèrement les
côtes, qui possèdent une bonne masse musculaire sur le reste de son corps n’est
pas maigre.
Une nouvelle
théorie vient d’émerger ; elle a trouvé une corrélation intéressante entre
le développement de TOD et la sensibilité du cartilage à l’insuline (Huntington,
2012). Cela offre une raison de plus (même s’il y en a déjà assez) d’éviter le
plus possible une alimentation haute en hydrate de carbone non structural
(HCNS) chez les chevaux, spécialement chez les jeunes en développement, puisque
ces aliments créer un pic de glycémie causant un grand relâchement d’insuline
dans le sang.
Figure 5
les côtes sont visible sur cette pouliche canadienne, mais sa
masse musculaire et son état général sont idéal.
Stress
articulaire
Le stress
articulaire est une conséquence importante de l’obésité, puisque plus de poids
est mis sur l’articulation (Loving, 2009). C’est un simple principe
physique : une surface qui porte du poids va distribuer le poids de façon
égale sur toute sa surface (si cette dernière est droite et régulière), lorsque
plus de poids est appliqué sur cette surface alors que sa taille, elle, n’augmente
pas, la pression sur sa surface augmente. Une surface recevant plus de poids
recevra donc plus de pression. Selon Loving (2009), la surface lisse et brillante d’une
articulation se dégrade lorsqu’elle est irritée par une surcharge. On peut donc
en conclure que plus une surface articulaire doit porter de poids, plus elle
risque de se dégrader rapidement (Loving, 2009).
Régulation de chaleur
Les chevaux
obèses sont souvent moins tolérants à l’effort que les chevaux plus minces
(Loving, 2009), ils se fatiguent plus facilement et ont une santé
cardiovasculaire inférieure. Les dépôts de gras reflètent généralement une
condition physique insuffisante (Loving, 2009). Lorsqu’un cheval gras débutera
un programme de remise en forme, ses masses graisseuses seront petit à petit
remplacées par de la masse musculaire.
Puisque le gras
est un très bon isolant, les chevaux obèses sont prompts aux coups de chaleur
et à l’hyperthermie (Loving, 2009, Tighe and Brown, 2004). En effet, leurs
dépôts de gras abondants ne vont pas leur permettre de dissiper la chaleur
proprement. De plus, comme les chevaux obèses doivent porter leurs kilos en
trop, ils dépenseront plus d’énergie pour effectuer un même mouvement
comparativement à un cheval plus mince, ce qui accentuera leur besoin de
dissiper la chaleur (Shea Porr and Crandell, 2008).
Lipome intestinal
Un lipome
intestinal est une tumeur graisseuse qui se développe dans la graisse
corporelle (Loving, 2009). Un cheval en surpoids aura donc plus de risque de
développer une telle tumeur. Les chevaux de plus de 15 ans seront également
plus à risque (Shea Porr and Crandell, 2008). Même si cette tumeur est bénigne,
elle peut tout de même créer des problèmes de santé sérieux. Ce type de tumeur
se développe souvent dans le mésentère, une structure qui supporte les
intestins. Elle peut donc pendre près des intestins et en bougeant, se
retourner et s’accrocher à une section intestinale, ce qui aura pour
conséquence une colique de strangulation (Shea Porr and Crandell, 2008). Ce
type de colique est grave et peut mener à la mort si elle n’est pas prise en
charge à temps.
Problèmes
reproducteurs
L’obésité peut mener à certains problèmes
chez les chevaux d’élevage. En effet, les chevaux obèses développent souvent
des irrégularités au niveau métabolique et endocrinien (NRC, 2015), ces deux
fonctions ayant un impact au niveau de la reproduction.
Chez les étalons, ces problèmes peuvent
mener à de l’infertilité (Tighe and Brown, 2004). Chez les juments, c’est le
contraire, les problèmes d’infertilité surviennent avec un BCS en dessous de 5.
Elles auront également plus de mal à porter un poulain à terme. Toutefois, les
juments ayant un BCS de 8 ou plus ne seront pas de meilleures poulinières pour
autant (Frape, 2010). En effet, le BCS idéal d’une jument poulinière se trouve
entre 5 et 7. Selon Cavanagh et Ternan (2014), les juments qui se trouvent
au-delà de ce score pourraient avoir une phase lutéale prolongée ainsi qu’un
intervalle entre les ovulations plus grandes, ce qui peut tout de même avoir un
impact sur la performance reproductive. Les opinions sont toujours partagées à
ce sujet.
Un désavantage certain de l’obésité chez
les poulinières est au niveau de la mise bas. Comme il a été discuté plus haut,
les chevaux obèses sont plus intolérants à l’effort. Les juments pourraient
donc se fatiguer beaucoup plus rapidement lors du poulinage (Frape, 2010) ce
qui peut être grave et même mettre la vie de la jument et du poulain en danger.
Diabète
Le diabète se trouve au dernier rang
puisqu’il est plutôt rare chez les chevaux contrairement aux humains (Johnson
et al. 2012). Bien que rare, le diabète est tout de même possible.
Cette affection est caractérisée par une
hyperglycémie prononcée, causée par une insuffisance du corps à produire assez
d’insuline ou une incapacité totale (Johnson et al., 2012).
La question qui se pose est :
est-ce que les chevaux ont une prédisposition moindre à développer le
diabète ? Ou en meurent-ils à un très jeune âge sans que personne ne
remarque que la cause était le diabète. Ou peut-être cela n’est-il pas présent
aujourd’hui parce que lorsque cette « tare » génétique se présente,
les chevaux meurent avant même de pouvoir se reproduire (et donc de transmettre
le/les gène(s)). Cette maladie est très peu étudiée chez les chevaux puisque
très peu présente, il y a donc beaucoup de questions qui demeurent.
Comment
gérer le problème
Surveillez
votre cheval
Ce paragraphe vient en premier puisque
la toute première étape de la gestion du poids est de garder en note les
changements observés. De cette façon, vous saurez précisément les gains ou les
pertes de poids de votre cheval. Lorsqu’un propriétaire voit son cheval tous
les jours, il remarque moins les changements de condition physique puisque ces
changements se font de façon trop graduelle.
Gardez un œil sur les progrès d’un
cheval donne également l’opportunité d’ajuster la nutrition en conséquence des
pertes de poids. Certaines personnes disent que la quantité de nourriture
offerte à un cheval devrait être basée sur son poids santé, mais si on pense à
un cheval extrêmement obèse, le changement pourrait être beaucoup trop
drastique pour lui. En calculant le poids du cheval régulièrement, le
propriétaire pourra diminuer progressivement sa ration au fur et à mesure. Une
perte de poids régulière et progressive est préférable à une perte de poids
draconienne en peu de temps (Shea Porr and Crandell, 2008). De plus, une perte
de poids trop drastique peut mener à des problèmes de santé sérieux (discuté
ci-dessous).
Certaines applications pour téléphone
intelligent existent afin d’aider à garder en note le poids des chevaux ainsi
que de calculer leur BCS. Certaines calculent le poids automatiquement une fois
les données inscrites. Il est aussi possible de se faire des chartes maison
afin de garder, sur le papier, ces données.
Augmenter
l’exercice
La première règle pour la perte de poids
est de bruler plus d’énergie que ce qui est consommé (Shea Porr and Crandell,
2008). Toutefois, il faut être prudent, il faut toujours augmenter très
progressivement l’exercice chez un cheval en mauvais état physique (Shea Porr
and Crandell, 2008). Comme chez les humains, les chevaux obèses doivent
commencer doucement la remise en forme ; débuter l’entrainement de façon
trop intense pourrait être dangereux pour eux. Cela pourrait causer des
problèmes métaboliques ainsi que du stress thermique (Shea Porr and Crandell,
2008). Dans les premières semaines, un cheval très obèse et pratiquement jamais
entrainé devrait être travaillé en mains pendant environ 10 à 15 minutes, au
pas avec quelques foulées de trot (Cavanagh and Ternan, 2014, Shea Porr and
Crandell, 2008). Aussitôt que le cheval devient plus en forme et plus mince,
l’exercice peut augmente, toujours de façon progressive. La personne responsable
de la remise en forme doit suivre le rythme propre à chaque cheval et noter les
signes de fatigue. Il est également important de préciser que le pas et le trot
brulent plus de calories que le galop et la course (Shea Porr and Crandell,
2008). Il est recommandé de ne pas intensifier le travail avant que le BCS soit
plus près de la normale (5 à 6) (Cavanagh and Ternan, 2014).
Il est intéressant de savoir que l’exercice
modéré et régulier peut aider à prévenir la RI et la fourbure (Frape, 2010). La
sensibilité à l’insuline peut également être améliorée avec ce type d’exercice.
Un programme de travail irrégulier est donc à éviter. Il est également
intéressant de noter que le taux métabolique change avec l’exercice (Cavanagh
and Ternan, 2014), un exercice irrégulier peut donc créer des problèmes en
créant des changements métaboliques trop fréquents.
Ration
contrôlée
Commencer à calculer et peser ce que le
cheval mange dans une journée est une très bonne façon d’entamer sa perte de
poids. Il y a toutefois quelques règles très importantes à respecter : aucune
période de jeûne prolongée, minimum 1,5% du poids du cheval en foin/fibre et
aucun programme alimentaire qui réduit la ration en dessous des recommandations
du NRC face aux besoins minimaux en élément nutritif des chevaux.
Les chevaux ne devraient pas recevoir
moins de 1,5% de leur poids en fibre ; les fibres sont extrêmement
importantes pour la santé de leur tractus digestif (Cavanagh and Ternan, 2014).
Les chevaux ont évolué pour s’alimenter de végétaux fibreux et pour les digérer
dans leurs gros intestins/caecum. Certains pourront perdre du poids avec 1,75%
de leur poids en fourrage et d’autres avec la dose minimale recommandée pour un
cheval en entretien, soit 2%. Pour certains chevaux, le simple fait de calculer
leur portion peut être suffisant pour leur faire perdre du poids. En effet,
certains chevaux ont tendance à manger beaucoup plus que 2% de leur poids
corporel en fourrage et donc en réduisant leur consommation, ils perdent du
poids.
Afin d’éviter de trop réduire l’apport
en fibre des chevaux tout en réduisant les calories consommées par le cheval,
il suffit de choisir un foin qui est moins riche en énergie. Lorsque le foin
est coupé seulement lorsqu’il est bien mature, il contient moins d’énergie, il
est alors possible de donner une dose suffisante de fibre à un cheval tout en
évitant de lui offrir trop de calories (Cavanagh and Ternan, 2014, NRC, 2015).
Il est également possible d’ajouter de la paille hachée dans la ration de foin
du cheval afin de lui offrir un peu plus à manger sans ajouter beaucoup de
calories. Il faut tout de même être prudent avec la paille et ne pas en ajouter
à outrance afin d’éviter les coliques d’impactions. Une autre option pour
réduire l’énergie disponible dans le foin est de le faire tremper; au moins 1h
en eau froide ou 30 min en eau chaude, enfin que les hydrates de carbone
hydrosolubles soient retirés du foin (Cavanagh and Ternan, 2014, Loving, 2009).
Ce procédé réduira donc la quantité de sucre dans le foin et ainsi sa valeur
calorique. Lorsque cette option est choisie, il est important de savoir qu’une
certaine quantité de vitamines (les vitamines hydrosolubles) seront perdues
également. Il sera donc important de s’assurer de donner un bon complément de
vitamines et minéraux afin de combler la réduction de cesdites vitamines). Si
vous voulez en apprendre davantage sur les valeurs minimales de vitamines,
minéraux, protéines, etc. que les chevaux doivent recevoir, recommandez-vous au
NRC (national research council) qui est la référence pour l’alimentation
équine. Il faut s’assurer que les chevaux reçoivent les recommandations
minimales dans toutes les catégories à l’exception de l’énergie digestible,
cette dernière pourra être légèrement en dessous de la valeur minimale (Shea
Porr and Crandell, 2008, Loving, 2009).
Il est important d’éviter les périodes
de jeûne prolongé, car cela peut entrainer des problèmes digestifs importants,
compte tenu du fait que les chevaux doivent manger de façon quasi permanente (Cavanagh
and Ternan, 2014). Les longues périodes de jeûne pourraient également causer de
l’ennui ou du stress et faire apparaitre chez le cheval certaines stéréotypies
orales.
En plus de réduire l’apport calorique
des chevaux en réduisant l’apport énergétique du foin, on peut utiliser
quelques stratégies de « slow feeding ». Utiliser des filets
« slow feeder » de qualité peut vraiment aider à réduire la vitesse à
laquelle un cheval pourra engloutir son repas (Glunk et al., 2014). En effet,
ce genre de filet rend la préhension du foin un peu plus compliqué, ce qui fait
que le cheval doit travailler un peu plus fort pour en extraire son foin. Cela
est un excellent exercice mental pour le cheval et imite un peu plus la façon
naturelle des chevaux de manger. En effet, lorsque les chevaux broutent, ils ne
prennent pas d’énorme bouché de foin, mais souvent quelques brins à la fois.
Par contre, il est important de vous assurer d’introduire les filets de la
bonne façon afin d’éviter toute frustration chez votre cheval. En effet, si
vous prenez tout de suite les mailles les plus petites sur le marché, il est
possible que votre cheval, qui ne comprend pas encore le principe, ne mange pas
suffisamment ou n’arrive pas à résoudre le problème. Il est recommandé de
prendre les mailles les plus grosses et une fois que le cheval comprend le
principe, en réduire doucement la taille en utilisant des filets avec des
mailles de plus en plus petites. Malgré tout cela, il est important de fournir
plusieurs repas par jour, il est préférable de donner plusieurs petits repas
suivis de courte période de jeûne que deux gros suivis d’une longue période de
jeûne (Shea Porr and Crandell, 2008).
La plupart des chevaux profiteront de
leur petite période de jeûne pour faire une sieste et se faire dorer au soleil,
mais certains chevaux plus actifs commenceront peut-être à gruger certaines
choses ou trouver autre chose avec quoi s’amuser. Afin d’éviter l’ennui dans
les périodes de jeûne, quelques stratégies peuvent être employées (voir
enrichissement d’environnement ci-dessous).
Réduire
ou retirer les concentrés (moulée, grain, etc.)
La plupart des chevaux n’ont pas besoin
de concentrés (Shea Porr and Crandell, 2008), alors pour les chevaux devant
perdre du poids, il est important d’en réduire la quantité au minimum (si vous
devez par exemple en donner, car l’apport en protéine de votre foin est
insuffisant) ou les retirer complètement (NRC, 2015). S’il y a un manque de
minéraux dans la ration, si votre foin est un foin entreposé depuis plus de 6
mois, si vos sols sont déficients en sélénium, si vos ratios de minéraux ne
sont pas adéquats ou si vous trempez votre foin, il peut toutefois être
nécessaire d’ajouter un supplément de vitamine et de minéraux. Il est à noter
que les moulées étant vendues comme étant une moulée fortifiée en vitamine et
minéraux peuvent parfois être beaucoup plus caloriques qu’on le pense. Il est
important de se renseigner sur sa teneur en gras et en sucre. Un complément de
concentré de vitamine et minéraux est préférable pour les chevaux en programme
amaigrissant. Également, si votre foin contient moins de 8% de protéine, il
peut être nécessaire de donner un complément de protéine qui est bas en
hydrates de carbone non structuraux (sucre simple) (Cavanagh and Ternan, 2014).
Accès
contrôlé aux pâturages
Il est important de contrôler l’accès
aux pâturages des chevaux ayant besoin de perdre du poids. Comme il a été dit
précédemment, les pâturages excèdent souvent les besoins nutritionnels des
chevaux. Les chevaux en surpoids auront donc besoin de certaines restrictions à
ce niveau. Des temps d’accès restreint ou le port d’une muselière qui réduit la
consommation d’herbe (Grazing muzzle) peuvent être des solutions intéressantes
afin de permettre aux chevaux de profiter quand même de l’herbe fraiche et
tendre de l’été (NRC, 2015). Il est très important de savoir que les niveaux de
sucre dans l’herbe changent au cours de la journée. En effet, le pique de sucre
en milieu d’après-midi et le niveau le plus bas sont en milieu de nuit (NRC,
2015). Donc d’après ces données, le meilleur temps pour envoyer les chevaux en
perte de poids au pâturage serait le soir et pendant toute la nuit, puis de
leur retirer cet accès en fin de matinée. Les niveaux de sucre changent
également selon les saisons : le fructane est présent en plus grande
quantité au printemps et en automne (lorsque les nuits sont fraîches, le sucre
remonte dans les tiges (Loving, 2009). Si retirer les chevaux pendant ses
périodes critiques est impossible, il peut être intéressant de se procurer une
muselière de type « grazing muzzle » (GM) afin de réduire leur
consommation tout en les laissant manger constamment (Loving, 2009).
Une
recherche faite par Longland et al. (2011) avait démontré que les muselières de
type GM réduisaient la consommation de foin de 83% alors qu’une étude plus
récente de Glunk et al (2014) a quant à elle démontré une réduction de la
consommation de 29% seulement. Il est possible que cette différence de donnée
soit expliquée par la variation entre les individus. Certains réussissent
peut-être à manger mieux que d’autres. Cela peut également dépendre du type de
GM utilisé et du temps passé avec cettedite GM. En effet, certains chevaux ont
du mal au début, mais finissent par se faire la main et réussissent à manger
beaucoup plus par la suite. Toutefois, on peut quand même en conclure que les
GM aident réellement à réduire la consommation de foin !
Enrichissement
d’environnement
Certaines stratégies peuvent être
employées afin d’éviter l’ennui chez les chevaux lors des périodes sans
nourriture et d’autres stratégies sont vraiment plus complètes et essaient
carrément de reproduire l’environnement naturel des équidés.
-
Paddock paradise :
Les paddock paradise (PP) sont la nouvelle « tendance » dans le monde
équin. Cela consiste à aménager les paddocks des chevaux d’une toute nouvelle
façon en encourageant les déplacements et en ajoutant des obstacles sur le
parcours. Il s’agit de ce qu’on appelle une « track », un pré façonné
à la manière d’un sentier qui fera une boucle complète. Tout le long de ce
sentier seront aménagées différentes stations. De façon générale, la station de
l’eau et celle de la nourriture seront complètement à l’opposé l’une de
l’autre. De cette façon, les chevaux ne pourront pas se rendre du point A au
point B en ligne droite, mais devront suivre la piste. Le sentier peut
également être construit avec différent type de sol, passant du sol natif à du
petit gravier ou à du sable. On peut même y ajouter des obstacles comme de gros
billots de bois en perpendiculaire de la piste que les chevaux devront enjamber.
Toutes ces choses peuvent rendre l’environnement des équidés beaucoup plus
intéressant qu’un simple paddock carré. Il est cependant certain que ce mode ne
convient pas à tous. Mais tout de même, certaines idées peuvent être
intéressantes à emprunter.
-
Sortie avec
congénère : Les chevaux en perte de poids devraient être dehors le plus
possible, encouragés à se déplacer. Être avec des congénères pourrait également
l’encourager à bouger en le stimulant au jeu par exemple. Bien entendu, il n’est
pas toujours possible de faire ainsi puisque les autres n’ont peut-être pas
besoin de perdre du poids. Mais si d’autres chevaux ont également besoin d’une
perte de poids, il peut être intéressant de les laisser ensemble dans un enclos
afin de les encourager à se déplacer. C’est aussi simplement meilleur pour les
besoins mentaux des chevaux.
-
Nose it : le nose
it est une petite balle en plastique dure dans laquelle vous pouvez mettre de
l’éconofoin, ou tout autre concentré très réduit en calorie. Il n’y a qu’un
seul trou par lequel les friandises peuvent tomber et le cheval devra donc le
pousser avec son nez pour en faire sortir son précieux contenu. Quelques
gâteries réduites en calorie comme le concombre ou la courgette peuvent
également être utilisées dans ce jouet. Cela pourra occuper le cheval pendant
un temps mort.
-
Des jouets : Une
multitude de jouets peuvent être disposés dans l’enclos afin d’occuper un
cheval lorsqu’il n’a plus de foin pour s’occuper. Des jolly balls, des plus
gros ballons (faits pour résister aux équidés), des bidons avec des objets à
l’intérieur, un morceau de carotte ou de concombre suspendu dans un arbre, de
simple buche de bois à gruger, etc. Soyez créatif et amusez-vous !
-
Des objets
nouveaux : Disposez des objets nouveaux dans son enclos de temps à autre,
cela piquera sa curiosité et l’occupera pendant un moment. Assurez-vous de
surveiller la chose si les objets ne sont pas faits pour résister aux chevaux,
sinon choisissez des objets dans lequel votre équidé ne risque pas de se prendre
une patte, gardez le tout sécuritaire, mais cela pourra être un moyen de faire
d’une pierre deux coups : occuper votre cheval et l’habituer à de nouveaux
objets.
Les
conséquences d’un mauvais programme de perte de poids
Perde un surplus de poids majeur est
important pour la santé d’un cheval, mais le faire de la mauvaise façon est
tout aussi préjudiciable pour sa santé. Il est donc important de savoir ce qui
doit absolument être évité et ce qui peut arriver pendant un mauvais programme
de perte de poids.
Empirer
le problème
Lorsqu’un équidé est à jeun pendant
plusieurs heures, il va manger plus et plus rapidement une fois qu’il aura de
nouveau l’occasion de manger (Glunk et al. 2014). Il est donc inutile de le
restreindre les heures où il a accès à la nourriture pour ensuite lui laisser
libre accès à tout le foin dont il désire. Il pourrait manger tout autant,
voire même plus que s’il aurait toujours accès à de la nourriture (Shea Porr
and Crandell, 2008). De longues périodes sans manger peuvent également altérer
la leptine, cette hormone qui indique à l’animal lorsqu’il n’a plus faim. Le
rendant plus sujet à manger plus que ce dont il aurait réellement besoin
puisque ce signal est retardé ou quasi inexistant (Loving, 2009).
De plus, l’estomac d’un cheval, qui
produit de l’acide gastrique en permanence, n’est pas fait pour fonctionner
« à vide ». Environ 3h après la fin d’un repas, l’estomac d’un cheval
est vide, mais l’acide gastrique continue toujours de s’y déverser. Les jus
gastriques deviennent donc de plus en plus acides et peuvent causer de graves
ulcères d’estomac ainsi que des dérèglements intestinaux.
Le jeûne pendant plusieurs heures est
donc à proscrire pour une bonne perte de poids, il est préférable de donner un
accès constant au foin, mais de le rendre plus difficilement accessible (comme
avec un filet à petite maille, par exemple) afin que le cheval ne se sente
jamais en manque de nourriture.
Une
diète déséquilibrée
La lysine et les protéines ne devraient
jamais être données en quantité insuffisante (c.-à-d. en dessous du niveau
minimum recommandé par le NRC). Ces deux éléments sont réellement importants
pour le cheval, spécialement la lysine. Lorsque l’on réduit l’énergie
digestible offerte au cheval, il faut faire attention que le reste des éléments
soient offerts en quantité suffisante (NRC, 2015). Le foin devrait donc
toujours être analysé afin de savoir exactement ce qu’il contient (analyse
complète avec minéraux). Ainsi, il sera possible de calculer ce que le cheval
reçoit par le foin et de pouvoir balancer la diète avec les bons suppléments.
Car non, tous les suppléments ne sont pas pour tous les chevaux.
Une diète mal équilibrée peut mener à
des carences qui peuvent être mauvaises, voire mortelles. Prenons pour exemple la lysine : C’est
un acide aminé essentiel dans la diète d’un cheval. En effet, si le cheval n’a
pas une diète qui en contient assez, cela va réduire l’absorption des autres acides aminés importants, rendant
le cheval encore plus déficient (Canvanagh and Ternan, 2014). Une déficience en
sélénium peut avoir un impact très sérieux au niveau de la fonction
cardiaque (Cavanagh and Ternan, 2014).
En effet, cela peut créer des troubles cardiaques et même de la détresse respiratoire
dans les pires cas, allant même jusqu’à a mort.
Il est toutefois important de regarder
dans la diète pour des excès de certains minéraux. En effet, il est fréquent de
voir un excès de fer dans le foin, allant jusqu’à 4 ou même 8 fois le minimum
recommandé. Les excès peuvent être aussi nocifs que des déficiences. Le fer du
foin ne causera pas un empoisonnement à votre cheval, mais il pourra réduire
l’absorption de certains minéraux comme le cuivre et créer des carences. Il est
donc aussi important de balancer les ratios de minéraux surtout lorsqu’un des
éléments se trouve en excès et pas les autres. Voilà également pourquoi tous
les suppléments de vitamine ne sont pas toujours balancés pour tous les
chevaux. Pour ce cas particulier, notez que la plupart des suppléments ont du
fer ajouté… Voilà donc un supplément alimentaire qui serait contreproductif.
Hyperlipémie
L’hyperlipémie se produit lorsqu’un
cheval est soumis à une diète très hypocalorique pendant trop longtemps (Frape,
2010, NRC, 2015). Afin de fournir de l’énergie au corps qui n’ingère pas assez
de calories pour sa survie, le foie va mobiliser une grosse quantité de gras
qui va s’y accumuler (Frape, 2010, Johnson et al., 2012). Ce problème est
toutefois plutôt rare chez les chevaux et plus fréquent chez les poneys et les
ânes(NRC, 2015). Les chevaux ayant des gênes rustiques sont tout de même plus à
risque que les races à sang plus chaud (Johnson et al. 2012). Les juments
spécialement en fin de gestation sont également plus à risque que les étalons
et les hongres (NRC, 2015).
L’hyperlipémie sera facilement
diagnostiquée en faisant une prise de sang. Il sera même possible d’en détecter
la présence à l’œil nu, car une fois le sang séparé, le sérum sera opaque et
d’une couleur crème (Dacre et al. 2003). Son traitement est toutefois difficile
et le taux de mortalité est très élevé (60 à 80%) (Dacre et al. 2003) car cela
mène souvent à de l’insuffisance rénale et hépatique (NRC, 2015).
Voilà pourquoi il est important d’avoir
une perte de poids lente et régulière et de s’assurer que le déficit calorique
de l’animal n’est pas trop important.
Qu’est-ce
qu’un poids santé ?
Le poids santé dépendra toujours de
chaque cheval, de sa structure osseuse, de sa taille et même de sa race. Le BCS
est un meilleur outil pour vérifier l’état de chair du cheval et où il en est
par rapport à un état de chair plus sain. Pour un cheval de loisir, le BCS
santé se trouve autour de 5 ou 6, mais le BCS optimal pourra changer pour
certains cas (NRC.,2015):
-
Jument
poulinière : La poulinière devrait avoir un état de chair entre 5,5 et 7
-
Poulain : Il est
mieux de garder l’état de chair d’un poulain autour de 4 ou 5
-
Chevaux de sport :
Les chevaux de sports de vitesse devraient avoir un BCS autour de 5
-
Chevaux de
dressage : les chevaux de dressage ont souvent un BCS autour de 6
De façon générale, se concentrer sur les
valeurs du milieu et éviter les valeurs dans les extrémités de la charte est un
bon point de départ : rester dans les valeurs de 4 à 6 est un excellent
choix. Car plus ou moins que cela n’est plus vraiment santé à l’exception des
poulinières qui peuvent se permettre un 7 (mais pas le dépasser), car une fois
la mise bas effectuée, la lactation lui demandera beaucoup d’énergie et il est
préférable qu’elle ai quelque réserve en banque.
Et
après ?
Une fois le poids santé obtenu,
augmentez graduellement la ration afin de trouver l’équilibre ; lorsque le
cheval ne perd ni ne gagne du poids. Il sera toujours nécessaire d’ajuster la
ration au cours de la vie d’un cheval. Les changements saisonniers et les
changements du travail nécessitent souvent des changements alimentaires
réguliers.
Si, à un certain point, le cheval a
besoin de plus d’énergie, car son activité a grandement augmenté, privilégiez
les aliments à haute teneur en fibre et dont les calories proviennent du gras plutôt
que du sucre. De façon générale, les chevaux ayant une tendance à l’obésité
n’ont pas besoin d’aliment avec plus de 6% de matière grasse (Shea Porr and
Crandell, 2008). L’huile végétale peut également être une bonne addition à sa
ration habituelle afin de lui procurer le supplément de gras dont il a besoin.
De plus, l’huile possède un indice glycémique bas, ce qui est indiqué pour les
chevaux ayant une génétique rustique (qui sont souvent plus prompt aux
problèmes du type fourbure, RI et SME).
Une fois la perte de poids complété, ne
vous assoyez pas sur vos lauriers, il y a encore du travail à faire. Les
chevaux de type « easy keeper » ou rustiques auront toujours cette facilité
à prendre du poids. Gardez donc en tête les points suivants :
-
Continuez l’exercice
sur une base régulière : faites attention a avoir un programme qui évite
les arrêts et les recommencements d’exercice fréquents.
-
Augmentez très
progressivement sa ration afin de trouver la ligne très mince où il ne perdra
ni ne prendra de poids.
-
Tout changement
alimentaire doit être fait encore plus progressivement que pour « la
norme ». Surtout lorsqu’on parle de la transition entre une alimentation
de fourrage et la mise au vert.
-
Gardez toujours les
sucres (surtout les sucres simples) au minimum.
-
Priorisez l’ajout de
gras plutôt que de sucre si un petit boost est nécessaire.
-
Continuez de garder un
œil sur le poids de votre animal et sur l’équilibre de sa ration.
-
Faites des examens
vétérinaire annuels afin de garder un œil sur son état de santé général et de
surveiller l’apparition de toute maladie souvent reliée aux chevaux de types
rustiques.
Conclusion
Il n’y a pas de régime miracle chez le
cheval (tout comme c’est le cas pour l’homme), certains sont plus faciles à
gérer et d’autres sont un vrai cauchemar à faire maigrir. Ce qui est important
c’est de faire de votre mieux afin d’augmenter graduellement la charge de
travail de votre animal tout en réduisant progressivement son apport calorique
quotidien. Gardez toujours en tête de suivre les recommandations du NRC au
niveau de l’alimentation équine. Évitez également tout changement extrême dans
l’alimentation de votre cheval ainsi que dans sa quantité d’exercice quotidien.
Le métabolisme de certaines races de
chevaux (rustiques) et de poney ne se sont toujours pas adapté à la récente
abondance de nourriture et la réduction importante de la charge de travail qui
leur ai imposé. Il est donc du devoir de leur propriétaire d’essayer de gérer
au mieux ce problème. Cela est d’une importance capitale afin d’éviter
plusieurs problèmes de santés importants qui causeront de la souffrance à votre
animal et qui pourraient vider votre compte en banque dans le temps de le
dire ! Les gens s’indignent beaucoup plus en voyant un animal amaigrit
qu’un animal obèse, pourtant, ni un, ni l’autre ne sont bonne pour le cheval.
Les deux peuvent causer leurs lots de maladies et de souffrance. Il est donc
important d’ouvrir les yeux et d’enrichir l’environnement de votre équidé et de
lui offrir un mode de vie plus sain afin qu’il puisse vivre en meilleure santé.
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