samedi 30 janvier 2016

THE horse of a lifetime!



J’ai souvent entendu ce terme dans ma vie : le cheval d’une vie… « the horse of a lifetime », c’est une expression à laquelle je n’adhère pas du tout, et ce, pour plusieurs raisons. Je vais tenter de vous expliquer clairement pourquoi. Ce n’est pas le fait d’avoir un cheval spécial dans sa vie, mais plutôt les barrières que cette expression apporte.

Tout d’abord, j’ai l’impression que les cavaliers ne font pas assez attention au caractère du cheval lors de l’achat. Comme le dit si
bien Pat Parelli « pick your partner not your poison » ce qui veut dire : choisissez votre partenaire pas votre poison. Cette expression me tient particulièrement à cœur parce que c’est quelque chose que je vois très souvent. On achète un cheval pour sa beauté, pour ses capacités athlétiques ou encore parce qu’il a beaucoup de dressage… Une chose importante semble pourtant souvent mise de côté… Le tempérament du cheval et sa compatibilité avec le nôtre! C’est pourtant LA chose la plus importante lors de l’achat d’un cheval et c’est souvent celle qui est mise de côté. Parce que le cheval peut bien être dressé à la perfection et être le meilleur cheval de sport au monde, si votre tempérament et le sien ne s’accordent pas, vous n’arriverez qu’à des frustrations! N’ayant pas la prétention de nous prendre pour Pat Parelli ou encore Frédéric Pignon, nous travaillons mieux avec certains types de caractère et moins bien avec d’autres. Moi-même, je sais parfaitement avec quels types de caractères je travaille
moins bien, ces types me posent beaucoup plus de problèmes, car ils me demandent beaucoup plus d’efforts… Pourquoi? Parce qu’ils sont plus loin de ma propre personnalité et me demandent des actions qui sont moins naturelles pour moi et qui me demandent donc plus d’efforts et beaucoup plus de réflexions, je dois donc être attentive, car les réponses me viennent beaucoup moins spontanément. L’entente n’est pourtant pas impossible, mais elle est moins instantanée, elle demande plus de travail et plus d’efforts… Je le sais, c’est ce qui s’est passé entre Mimi et moi. En plus d’être blasée de l’humain, Mimi avait une personnalité contraire à la mienne… Je l’aimais, je l’ai toujours aimé, mais l’harmonie a été longue à atteindre. Mais en quoi ceci a-t-il rapport avec la fameuse phrase « le cheval d’une vie »? Je crois que parfois les gens qui ne font pas attention au tempérament du cheval tombent par hasard sur
un bon « match » de tempérament et tout semble alors naturel et facile, c’est l’entente parfaite… miracle « le cheval d’une vie ».


Ce qui m’amène à mon second point, tenter de recréer le fameux cheval dans un autre. Je crois, en effet, qu’une fois que ce cheval parfait est passé dans la vie de son cavalier, il tente alors de trouver le même cheval dans un autre… Ce qui est impossible, car chaque cheval est différent et chaque cheval demande d’être traité selon sa propre personnalité. On passe donc du cheval parfait
à un nouveau cheval avec qui on doit recommencer à neuf et on tente de le travailler exactement comme l’autre… Et puis ça ne marche pas… Et puis le cheval commence à se frustrer… Et puis on commence à se frustrer… Et c’est la débandade! On entre alors dans la zone de conflit, le cheval est frustré d’être si peu comprit et si peu entendu et vous êtes frustré qu’il ne comprenne rien alors que votre cheval parfait comprenait tellement facilement. Vous oubliez alors la chose la plus importante, ce n’est pas à votre cheval de faire un effort pour vous comprendre, c’est à vous! Comme chaque cheval est différent, chaque cheval à besoin de se faire expliquer les choses de la façon dont il pourra les comprendre. Si en plus vous avez une fois de plus choisi un cheval selon ses attraits et non pas selon sa compatibilité avec vous, il va falloir recommencer à travailler fort pour vous comprendre. C’est à vous de travailler pour trouver la façon dont vous pourrez vous entendre, une fois cela fait, vous pourrez enfin
commencer à progresser ensemble. N’oubliez jamais que chaque cheval a ses besoins et qu’il faut y répondre, c’est notre devoir!

Finalement la dernière raison que j’aimerais évoquer, c’est le fait qu’on se met nous même des barrières : « je ne pourrai jamais retrouver un autre cheval aussi parfait », « c’était un cheval unique, je ne pourrai jamais en retrouver un aussi bien », « quel cheval pourrait maintenant surpasser celui-là ». Si on se ferme déjà avant même de commencer à chercher, alors on est sûr et certain que ça ne pourra pas marcher, parce qu’on n’essayera même pas! On se dira que c’est fini, qu’on ne trouvera jamais mieux et qu’on a qu’à se contenter de cette relation médiocre… On arrête d’essayer! C’est perdu d’avance parce que les œillères sont déjà mises et elles
nous empêchent de découvrir tout ce que ce nouveau compagnon a de spécial à nous offrir, car oui l’ancien cheval était unique… Tout comme le nouveau! Et chacun aura quelque chose de spécial à nous offrir, il suffit de s’ouvrir et de lui laisser l’occasion de nous le démontrer. Bien sûr, on a eu une relation spéciale avec le dada précédent, ce qui ne nous empêche tout de même pas de créer une tout autre relation aussi spéciale avec le nouveau, elle sera différente, puisque ce n’est pas le même cheval, mais elle peut être tout aussi grande et tout aussi belle, elle sera simplement différente. Voilà pourquoi il faut laisser une chance à chaque cheval de nous montrer ce qu’il peut nous apporter de spécial.




Lorsque j’ai eu Mimi, ce n’était pas facile tous les jours, nous étions des personnalités assez contraires, et pourtant… Quelques années plus tard, j’avais une super jument avec qui je pouvais faire à peu près n’importe quoi, je craquais toujours devant sa petite bouille pleine de malice… Ce qu’elle m’a apporté c’est toute sa confiance, son courage et son exubérance (chose que j’ai dû apprendre à apprécier), une fois sur la même longueur d’onde, elle a été une merveilleuse professeure. J’ai compris que c’est elle qui allait m’enseigner et non le contraire! C’était ma première jument et elle sera toujours spéciale pour moi. J’aime pourtant Sonara comme une folle également, elle est tout le contraire de sa mère, ce qui fait qu’elle est beaucoup plus près de ma personnalité! Ça a
donc été plus facile de se comprendre et pourtant… Étant deux grandes émotives pas très courageuses, il a bien fallu que j’apprenne à gérer mes émotions avant de pouvoir l’aider à gérer les siennes. Sonara me donne tout ce qu’elle peut, une fois la confiance acquise, elle se laisse guider, mais a besoin de beaucoup de réconfort. Sensible, délicate et volontaire, voilà ce qu’est ma petite fleur, j’ai dû apprendre (et j’apprends encore et toujours) à contrôler mes émotions et mon énergie. J’ai élevé Nara moi-même, avec l’aide de sa maman Mimi, elle restera toujours mon bébé même si elle a aujourd’hui 9 ans… Elle a, elle aussi, une place toute spéciale dans mon cœur. Chaque cheval a su m’apporter quelque chose, elles m’ont toutes les deux demandé de travailler sur moi-même, même s’il m’a été plus facile de comprendre Sonara. Elles sont toutes les deux spéciales pour moi et je les aime toutes les deux, mais je crois que si Mimi avait été jeune (je l’ai eu à 18 ans, pleine d’expérience de vie) je m’en serais beaucoup moins bien sortie MDR. Sonara et Mimi étaient aux antipodes niveau caractère, je ne pouvais les travailler, ni les traiter de la même façon, j’ai dû apprendre à respecter leur caractère et leurs besoins, car bien que mère et fille, elles étaient uniques!  



Peut-être que le cheval de ma vie n’est pas encore entré dans ma vie, me direz-vous, et que c’est pour cette raison que je tiens ce discourt… Mais j’aime Sonara et Mimi (loin des yeux pour toujours, mais toujours près de mon cœur) avec un amour inconditionnel, elles ont toujours été ce que j’avais de plus chère et m’ont apporté (et m’apporte encore) plus que je n’aurais su espérer et j’espère aimer ainsi, de la même façon, tous les chevaux qui entreront dans ma vie.

dimanche 10 janvier 2016

Mais t’es même pas assise dessus… à quoi ça sert



"Mais t’es même pas assise dessus… à quoi ça sert? " Combien de fois a t'ont pu entendre ces mots avant que l’éthologie ne devienne populaire? Et même encore aujourd’hui il arrive encore d’entendre ce genre de discourt! « Mais tu le travail au sol et t’es même pas dessus… ça ne sert à rien! » ou encore le fameux « tu le longes et il n’est même pas enrêné, tu ne le travail pas vraiment! » oh et encore une petite« le travail au sol
c’est pour les gens qui font des tours de cirque ça ne me servirait à rien ». Puis certain se frustre, d’autres son un peu sous le choc et d’autres ont un petit rire intérieur… Beaucoup argumentent, d’autres se retirent sans dire un mot et je dois dire que j’agis des 2 façons selon qui j’ai devant moi… Avec certaines personnes avec qui je ressens une certaine ouverture d’esprit, j’essaie de discuter, poliment et avec respect, pour leur expliquer mon point et avec d’autres il ne suffit que d’un seul regard pour comprendre qu’ils ne sont absolument pas ouverts et que la discutions ne mènerait strictement à rien, alors je ne dis rien et je me retire.
Le fait est que le travail au sol n’a pas encore une grande réputation partout, je parle ici de travail au sol et pas de longer un cheval enrêné, ce qui est du travail physique, mais pas du tout psychologique. Ces biens-faits sont encore assez mal connus ou assez mal compris et encore bien sous-estimés. Parce que le travail physique peut se voir à l’œil, on voit le travail, on voit les efforts, on voit la sueur et on voit aussi le changement de musculature au bout d’un certain temps, alors que le travail psychologique ne peut pas s’observer avec les sens, on le sait, on comprend la différence de comportement et on sent que c’est différent, mais on ne voit aucun changement physique sur le cheval. Les fins observateurs, ceux, qui souvent, ont adopté le travail au sol me répondront que c’est faux, qu’on peut voir des changements physiques sur un cheval qui est travaillé au sol : un cheval moins tendu, des yeux plus calmes, des oreilles moins frivoles, des lèvres moins pincées, des allures plus fluides… Mais la plupart des gens ne remarquent pas ces petits changements subtils, ce n’est pas assez évident!
Le travail au sol, parlons-en!!! Il apporte en effet des bienfaits physiques et psychologiques et il est important de savoir à quel point ce travail est important dans le développement d’un cheval! J’exclus du travail au sol le fait de longer un cheval, ce type
de travail n’est adéquat que lorsque l'on doit remuscler un cheval après un problème de santé, lorsque l'on a un problème de "fitting" de selle ou lorsque l’on ne peut monter son cheval pour X raisons et qu’on doit le garder musclé… Sinon vous pouvez le travailler vous-même sans avoir recours à de quelconques artifices pour le forcer à s’arrondir, je préfère de loin prendre le temps de lui apprendre moi-même, avec mes simples petites mains qui sauront le guider sans le forcer! Pour ceux qui me diraient que longer un cheval avant de le monter lui permet de brûler son énergie, je dirais ceci : c’est faux! Vous allez simplement le rendre plus endurant et il vous sera de plus en plus difficile de le « calmer ». Tourner en rond est un travail vide, sans aucun sens! Vous n’avez pas besoin de fatiguer votre cheval avant de le monter (et entre nous s’il est fatigué comment voulez-vous qu’il mette son énergie dans le travail par la suite…) vous avez besoin de le concentrer, de préparer son mental pour le travail qui viens, pour que son cerveau soit prêt à recevoir toutes ces nouvelles informations. Lorsque vous défoulez un cheval avant de le
monter, son cerveau est en mode jeu, en mode excitation… vous posez ensuite vos fesses sur votre selle et exigez de lui qu’il ne soit le parfait petit élève calme et concentré, alors que vous venez tout juste de faire montrer son énergie et l’avez mis en mode excitation… Trouvez-vous cela logique? Si votre cheval a accès à un pré avec des congénères, je ne vois pas pourquoi il aurait besoin de se défouler avant de travailler, il peut très bien le faire par lui-même avec ses copains au pré… Si votre cheval n’a pas accès à un pré tous les jours, alors faite en sorte que ça change, vous ne pouvez exiger de lui qu’il soit parfait et concentré alors qu’il n’a même pas la chance de dépenser son énergie et de jouer tous les jours. Le seul moment où il pourra enfin se dégourdir les pattes ce sera dans vos séances de travail, alors ne vous demandez pas pourquoi il en profite pour s’amuser un peu!



Revenons-en à nos moutons! Les bienfaits du travail au sol sont nombreux, maintenant que je vous ai expliqué pourquoi longer un cheval ne fait pas partie de ce que j’appelle le travail au sol, j’aimerais vous parler de ses nombreux bienfaits. Ce type de travail à
comme avantage de pouvoir être commencé très jeune, voire dès la naissance (non, pas besoin de licol ou de longe pour commencer à travailler un poulain au sol, notre simple présence, un petit coup de brosse, quelques objets étranges présentés ici et là constituent du travail pour un poulain), il prépare le jeune cheval au travail en selle tout en douceur en lui apprenant les codes importants dès le plus jeune âge (cela aura pour effet de diminuer de beaucoup son stress face à cette étape importante de sa vie), il permet également d’enseigner de nouvelles choses au cheval en étant au sol, ce qui l’aidera à comprendre plus rapidement une fois en selle, il prépare un cheval joueur et exubérant au travail sans pour autant le contraindre ou le frustrer, il nous permet de travailler avec un vieux cheval qui serait devenu un peu trop vieux pour supporter quelqu’un sur son dos, bref le travail au sol peut suivre un cheval toute sa vie alors que le travail en selle ne sera qu’une
partie de sa vie. C’est un complément très important du travail en selle tout au long de la vie du cheval et un outil d’apprentissage formidable. De plus, il vous permettra de vivre plusieurs moments magiques lorsque votre cheval vous offrira une séance de jeu formidable, où il aura envie d’être avec vous et où vous aurez du plaisir tous les deux, sans pour autant être complètement déconnecté comme lors des séances de défoulements. Il voudra jouer avec vous et vous serrez connecté, son attention sera sur vous et le niveau d’énergie ne sera pas trop explosif, votre cheval sera donc dans le travail, mais dans un travail amusant pour lui aussi.
Lorsque vous travaillez au sol, vous avez aussi la possibilité de voir votre cheval, de voir ses mouvements, ce qui vous permettra de travailler sur la précision de certains
mouvements que vous pouvez sentir en selle, mais que vous ne pouvez pas voir. Il est possible de faire, en travaillant au sol, presque tous les mouvements que vous faites en selle. Vous pourrez également facilement voir son langage corporel, écoutez ce que votre cheval vous dit, cela vous permettra d’ajuster votre travail avec chacun des chevaux que vous allez travailler dans votre vie, car ils sont tous différents et ce qui peut être facile pour certains peut être très difficile pour d’autres. Misez sur les forces de chacun et respectez les limites qu’ils vous donnent, car ces limites ne sont pas fixes, elles changeront au fil de vos progressions, mais il est important de respecter ce que le cheval peut vous donner à cet instant!

 Le travail au sol et le travail en liberté vous aideront en selle bien entendu, mais vous aideront également dans vos manipulations de tous les jours : l’embarquement en remorque, récupérer votre cheval au pré, le pansage, les soins, les balades, le travail de dressage, les sorties en concours… Plus vous travaillerez votre cheval sur différents aspects (et pas juste venir et le monter), plus votre relation évoluera dans le bon sens et plus votre cheval trouvera son humain agréable.