vendredi 30 janvier 2015

La fois où j’ai mangé une claque… ou comment la vie te dit de revoir tes priorités

Sonara et moi à Napierville, cours de cross
À un certain moment dans mon aventure équestre, je me suis perdue… Enfin, je ne le savais pas encore à ce moment-là!
Un été, alors que j’avais une grosse saison de concours en route, grosse formation de 3 jours de concours complet intensifs, trois concours sur trois week-ends consécutif… boom! Rien ne va plus! Après ce gros mois de travail, un peu de repos… malheur… il durera plus longtemps que prévu, ma juju devient raide, elle se déplace laborieusement et précautionneusement, c’est léger, mais Nara est du genre à cacher sa douleur au maximum de sa tolérance. Bref, Sonara part pour La Chute, sans moi (et c’est la première fois qu’on se sépare… Alors encore plus difficile pour moi), avec une amie de l’époque, pour un examen complet… Le diagnostic tombe… Elle est fourbée avec quelques degrés de basculés… Un coup de poing… Carrément… Ça fait mal et ça fait peur! On avait tant de plaisir (enfin avec le recul, je crois que j’en avais plus qu’elle…), on sortait beaucoup et on avait de bons résultats! Chose certaine, c’était fini pour l’année,
Radio de l'antérieur gauche de nara
mais encore… Une fourbure c’est grave… Qu’est-ce que j’allais faire si elle ne guérissait jamais totalement? Si son bilan sanguin était mauvais? Si ça empirait? Si je devais prendre une décision que je ne veux pas prendre? Bref mon esprit s’est emballé… Je te déteste parfois satané cerveau! J'ai peur, je suis triste, je pleure… Beaucoup... Puis, je me suis dit… Et alors? Si je ne dois plus faire de sport intense tant pis… on travaillera au sol et on fera des balades tranquilles! Grosses réflexions qui se font… Je réalise qu’en fait je n’avais pas tant de plaisir à faire autant de concours et qu'elle non plus… Je lui en avais beaucoup trop demandé, j’avais des œillères et je continuais sans réfléchir à faire tous les événements pour ne rien manquer. J’ai alors réalisé que mon vrai plaisir était surtout de créer une relation avec mon cheval… D’obtenir des choses qui demandent plus que de savoir monter, de réfléchir au « pourquoi ». J’adorais travailler au sol, mais je le faisais moins pour m’entrainer en selle. Je m’étais perdue en chemin et ce triste événement a été la claque au visage qui m’a réveillée de mon somnambulisme et qui a réveillé mon cerveau… Wake up!!! J’avais mis la priorité à la performance alors que j’ai toujours voulu mettre ma priorité sur le cheval… Ce que j’ai donc décidé de faire! En fait, je me fiche de gagner un ruban si c’est pour que ma relation avec mon cheval écope… Je ne veux plus faire cela en dépit de mon cheval…
Bien heureuse de se dégourdir, de retour à notre pension <3
Sonara est revenue à la maison (écurie la promenade, où nous sommes en pension) après une semaine, je n’avais qu’une envie, la garder avec moi et passer du temps avec elle. Elle m’avait énormément manqué, j’étais tellement inquiète loin d’elle, je n’avais qu’une envie, la voir, la gratouiller, l’avoir près de moi! Cette semaine m’avait paru interminable. Au moins, elle était chez des amis, je la savais entre bonnes mains, ça aidait à supporter l’attente de la revoir. À son retour, elle allait bien, se sentait bien et le pronostic était bon pour elle… Mais voilà, il avait fallu ce malheureux événement pour m'ouvrir les yeux. En fait, mon but était maintenant notre relation et ELLE! J’ai donc décidé d’y aller à fond dans le Parelli (j’en faisais déjà, mais pas aussi à fond). Je pouvais donc travailler au sol et de façon moins intensive physiquement, mais plus intensive psychologiquement.
J’adore apprendre à comprendre les chevaux et en plus le travail au sol s’était parfait pour elle. Elle est rapidement allée assez bien pour pouvoir la monter, sa cure d’amaigrissement avait été drastique et elle avait perdu beaucoup de muscles! J’y suis donc allée très, très doucement, pendant un an, beaucoup de travail au sol et du travail monté progressif, sans en demander trop à son corps. Au bout d’un an, j’ai d’ailleurs eu de merveilleuses nouvelles… Sonara s'était rétablie à 100 %, ses phalanges s’étaient
Reculer par la queue
replacées complètement et ses pieds étaient superbes! Quoique sa fourbure n’avait jamais vraiment paru sur l’extérieur de ses pieds… Excepté pour une grosse ligne de stress…
On dit qu’il y a du positif qui ressort de tout… et bien c’est vrai! Aujourd’hui, mon but n’est pas de gagner des rubans, d’accumuler des bouts de papier pour affirmer mon niveau ou de suivre les méthodes d’un entraineur sans me poser de questions… Mon but c’est d’être apprécié par mon cheval et d’avoir un cheval qui ose me « parler » et être capable d’entendre ce qu’elle essaie de me dire. J’ai recommencé les concours, mais maintenant je sais… Je suis prudente, je n’en fais plus trop et je le fais pour nous mettre au défi et non pour la performance à tout prix! Je n’oublierai plus…


vendredi 23 janvier 2015

Comment on n'est jamais prêt pour l’inconnu ou l’aventure d’élever un poulain! L’histoire de Sonara partie 2




Voilà… 11 mois d’attente, de soins et de stress! J’avais continué le travail avec Mimi durant cette période sauf pour les deux premiers mois et le dernier! La gestation s’était bien déroulée, ce n’était pas la première de Mimi, elle était donc plus calme que moi et savait ce qui l’attendait (contrairement à moi hihi).
Le soir du 30 août 2006, les propriétaires de la pension m’ont appelée pour me dire que ma jument avait enfin pouliné! Youpiiii! Nous sommes la veille de la rentrée scolaire et mes parents ne sont pas là… Je n’ai pas encore mon permis, du coup… j’y vais comment? J’ai appelé une amie à toute vitesse pour qu’elle vienne me chercher en scooter hihi!


Bref, première rencontre avec mon nouveau compagnon! Une femelle… Géniale, c’est ce que je souhaitais! Toute noire, elle avait l’allure d’un petit zèbre avec son long poil encore frisé par sa sortie dans le « Nouveau Monde ». Ohhh là… Petit problème, elle a les sabots des antérieures pointés, comme une ballerine… alors, ça, par contre, pas génial… Un peu de stress! Elle semble, sinon, bien aller. Elle est quand même capable de marcher, je retourne donc à la maison après un bref moment avec mes DEUX juments (quelle joie!!), parce que j’ai école le lendemain (déjà, j’ai hâte que le premier jour se termine haha). En parlant avec une amie, elle m’affirme qu’après 2-3 jours ses pieds devraient se replacer tout seuls (ce qui s’est produit, fiouff)!
Les pieds de ma pouliche se replacent, maman Mimi va très bien, très maternelle, elle sait déjà ce qu’elle a à faire et c’est une bonne productrice de lait. Nara est déjà si grande, qu’elle passe à peine sous le ventre de sa mère.


Un mois après la naissance de Sonara, je recommence doucement à monter Mimi et bébé me suit lors de petites balades tranquilles et puis un peu plus tard on commence même à s’éloigner un peu et à aller dans la forêt.
Avoir un poulain c’est mignon, adorable et plein de surprises, mais c’est aussi beaucoup de temps, beaucoup de responsabilités et beaucoup d’inconnue!
La première sortie de bébé, où elle ne connait pas encore la clôture, la rencontre avec son nouveau compagnon de pré, les premiers apprentissages; donner les pieds, apprendre à céder au licol, marcher en longe, apprendre les bonnes manières, etc. C’est l’inconnue! On doit penser et trouver des solutions qui font pour ce cheval puisqu’aucun d’eux n’est exactement le même. Ce qui s’applique à Mimi ne s’applique pas du tout à Sonara… Ce sont des contraires au niveau du caractère! Mimi est une jument pleine de confiance qui sait ce qu’elle veut et Sonara est plutôt timide et très sensible! Je trouvais que je commençais à comprendre comment fonctionnaient les chevaux… Pas du tout! Voilà que tout est remis en question et que je dois totalement m’adapter!


C’est un choix à réfléchir, car on doit être prêt à s’investir complètement envers ce petit être, bien connaitre le développement du poulain afin d’éviter les blessures et être prêt à investir les fonds monétaires nécessaires. C’est toute une aventure pleine de surprise, mais ça en vaut amplement l’énergie et le temps investi! Le lien qu’on a avec un cheval qu’on a vue grandir toute sa vie est merveilleux. Les souvenirs qui s’y rattachent sont incroyables et on apprend énormément en cours de route… Ensemble. 

Il ne m’arrive pas souvent d’aller dans l’inconnue, je suis du genre qui planifie beaucoup avant de prendre une décision, mais cette fois, je n’ai pas pu prendre autant de temps. Je ne regrette rien, cela reste, à ce jour, une des plus belles aventures de ma vie.




vendredi 16 janvier 2015

Avoir un poulain ça se planifie… Pas toujours! L’histoire de Sonara partie 1

Zoro, le papa de Sonara dans le pré avec ses juments et ses poulains.

Tout a commencé parce qu’à un moment, j’ai dû changer de pension! J’en ai trouvé une et lorsque je suis arrivée sur place, il y avait un troupeau de juments Canadiennes avec un étalon! En liberté et ensemble tout le temps. On m’a donc offert d’y intégrer ma jument ou de la mettre dans un pré voisin seule. Ouh la!!! Je ne m’y attendais pas… Et hop le cerveau qui repart… Je dois en discuter avec mes parents! Il est vrai que Mimi était quand même vieillissante, que j’aurais besoin d’une relève, que c’était une bonne offre… Par contre, la section monétaire n’était pas à laisser derrière, il fallait bien y penser. Et puis, avoir un poulain c’est quand même toute une aventure! Il faut l’éduquer, bien le soigner, lui offrir ce qu’il faut pour qu’il grandisse bien physiquement ET mentalement…



Bref, on a fini par décider de tenter l’aventure et la mettre dans le troupeau en liberté. Je me souviens bien de ce moment, on avait laissé ma juju et Zoro (l’étalon) ensemble pour qu’ils se connaissent et que Mimi n’ai qu’a géré l’étalon et pas le troupeau entier pour la première fois… ils se sont coursés… Mimi n’était pas prête à cet instant alors elle s’est cabrée bien haut devant l’étalon, il a fait la même chose… Pourtant sans se toucher! On en avait plein les yeux hihi! Puis ils se sont encore courtisés un peu et puis la première «rencontre» était faite! Nous avons ensuite intégré Mimi avec l’étalon et les jujus ce qui s’est très bien déroulé puisque l’étalon l’avait accepté. Mimi a passé une très grande partie de sa gestation à cet endroit, offrant un peu de répit aux mères ayant déjà pouliné, en prenant soin des petits pour un certain moment, avant qu’il retourne avec leur mère. Elle avait déjà eu des poulains avant, du coup elle était déjà très maternelle.
Mimi à sa nouvelle pension en fin de gestation.
Puis encore un changement de pension… Le proprio mettait l’endroit à vendre et je devais trouver avant que ce soit vendu! Je ne voulais pas perdre de temps pour éviter d’être prise aux dépourvues. Elle a donc fini sa gestation dans une petite pension où elle était seule avec un autre cheval plutôt nerveux qu’elle a aidé à se calmer. Étant une bonne leader, elle lui a permis de se sentir plus en confiance et de se fier à elle. Il sera d’ailleurs plus tard un excellent copain pour bébé Sonara parce qu’il était très doux.
Voilà comment, de façon tout à fait inattendue, j’ai fini par faire saillir ma jument. Parfois, même si on est quelqu’un qui préfère la préparation et qui n’aime pas trop l’inconnue, on peut se retrouver face au vide et décider de sauter dedans. Nous voilà donc partis pour 11 mois d'attente, de soins, de questionnement, d’impatience et de joie avant d'avoir un p’tit poulain tout neuf! Les premières fois ont toujours quelques choses de spéciales dans nos cœurs…
Et l’aventure commença…


samedi 10 janvier 2015

Le jour où le cheval a changé ma vie !

Mhée et moi, chez Manon. C'est avec elle que j'ai appris à monter. Merci à Nathalie de m'avoir laissé monter Mhée.

Lorsque j’étais petite, ma tante possédait des chevaux chez elle et j’adorais y aller pour voir ses chevaux. Lorsqu’elle les a vendus, j’étais triste puisque je ne pourrais plus côtoyer de chevaux… Mais j’ai toujours continué de les aimer.
Plus tard dans ma vie, une fois devenue adolescente, deux dames très gentilles du nom de Manon et Nathalie m’ont permis de monter leurs chevaux. J’étais comblée! Moi qui rêvais de pouvoir être au côté de chevaux. Je me suis, dans cette aventure, fait 4 nouvelles amies, qui à ce jour, sont encore de très bonnes amies. J’ai donc commencé à montée western et rapidement exprimé le désir de posséder mon propre cheval. Monter celui d’un autre c’est génial et extrêmement généreux de leur part… mais ce n’est pas comme posséder le sien et se créer une relation bien à nous!


Mimi et moi à notre première année.

Un an plus tard, après avoir harcelé mon entourage, ma grand-mère et mes parents m’ont offert ma première jument. Mimi, une petite canadienne X quarter corse de 14 mains (1m42) qui avait 18 ans. C’est à ce moment que ma vie a basculé!! C’était mon cheval, mon partenaire, avec qui j’allais pouvoir bâtir une histoire bien à nous! J’avais 13 ans, j’étais une adolescente bien entourée, d’une famille qui me soutenait toujours… mais qui n’était pas bien du tout, dans sa tête! J’étais très timide, je n’arrivais pas à trouver ma place dans la société et je me sentais plutôt seule… je ne trouvais personne qui me ressemblait.  J’étais en quelque sorte enfermée dans ma tête. Avoir un cheval m’a donc énormément aidée durant cette partie plutôt difficile de la vie. J’avais toujours quelqu’un sur qui compter, j’y passais toutes mes soirées et tous mes week-ends… Je n’étais plus seule à la maison… J’étais à l’écurie à profiter de ce merveilleux compagnon.
Je suis devenue beaucoup plus responsable, j’ai dû apprendre la patience, j’ai dû me remettre en question et surtout deux des choses les plus précieuses que m’a apprises mon cheval… mieux communiquer et mieux écouter… choses qui sont des plus utiles dans la vie.
Je suis aussi sortie de ma coquille, j’ai commencé à parler aux gens et à faire plus d’activité! J’avais un sujet de conversation maintenant… les chevaux!!! J’ai trouvé ma raison de vivre, la chose qui me rendait plus qu’heureuse, qui me donnait envie de sortir de la maison et qui me donnait envie d’aventure. Je voulais tout apprendre, tout savoir et ne cesser de devenir meilleure.
J’ai aussi appris à me faire confiance, à faire confiance à mon instinct et petit à petit, à voir de l’estime pour moi-même, chose que je n’avais pas du tout. J’avais UNE chose dans ma vie où je me sentais bien, où je pouvais être moi-même et où… oui… je ne me sentais pas nulle!
Je dirais que les chevaux m’ont en quelque sorte sauvée… de moi-même!! Ils ont fait de moi une meilleure personne.
Et c'est là... Que l'aventure d'une vie commença <3