samedi 20 juin 2015

Monter sans mors, c’est monter sans précision?!




Et bien, attaquons-nous à un autre mythe de la monte sans mors. J’ai souvent entendu dire que la monte sans mors manque de précision. On ne peut faire de figures précises et délicates bitless. Il faut absolument un mors pour réussir des figures de dressage complexe et pour avoir un cheval sur la main. On pourra réussir à la faire bitless, une fois appris avec un mors…
Ceci est faux! Premièrement, parce que comme je l’ai dit dans un billet précédent, le contrôle n’est pas physique, mais bien mental. Deuxièmement parce que « less is more », pas besoin d’énormément de main pour réussir des figures complexes.

Troisièmement, c’est l’assiette tout entière qui doit être utilisée pour monter, les mains ne sont qu’une petite partie de l’équation.
Développons… Lors de l’apprentissage, il faut prendre le temps qu’il faut! Nous sommes dans un monde où tout doit arriver vite… Toujours plus vite! Nous n’apprenons plus à patienter et à faire les choses doucement et avec progression. L’équitation est un art avant toute chose et l’art demande de la délicatesse et du temps. Le résultat sera peut-être plus rapide avec un mors, peut-être pas, cela dépend des chevaux, des cavaliers et la façon dont le travail est fait. J’ai appris la cession à la jambe, épaule en dedans, croupe au mur et pivot à ma jument sans mors, etc. Je commence même l’apprentissage des appuyés, toujours sans mors. Je ne manque jamais de précision lorsque je monte ma jument avec son petit side-pull classique. Je n’utilise que très peu mes mains, elles servent principalement à obtenir « la forme » de ma jument. L’impulsion vient de mon corps et mon énergie, la direction vient principalement de mon corps et est encadrée par mes mains, j’utilise aussi beaucoup mes jambes pour les figures de dressage.
Tout bon écuyer sais que la main n’est là que pour encadrer, alors pourquoi l’idée que monter sans mors n’offre pas de précision? Mors ou pas, on encadre très bien quand même. L’énergie, la direction du poids du corps et la jambe sont bien plus importantes

que la main! Lorsque l’on incurve un cheval, ce n’est pas la main qui donne le plie, c’est plutôt la position du corps et des jambes, la main ne fait que supporter l’action. Lors d’une cession à la jambe, encore une fois, le poids du corps et la jambe arrivent bien avant la main en terme d’importance! Même lorsque je fais un arrêt, c’est mon corps tout entier qui stoppe ma jument… Non pas ma main. Je peux facilement arrêter ma jument tout en laissant glisser mes rênes, parce que c’est mon corps qui lui dicte l’arrêt.
Ne dit-on pas que pour rassembler un cheval il faut pousser le cheval sur la main? Il ne faut donc pas tirer sur les rênes ou cisailler avec ses mains… Il faut appliquer un contact léger et donner au cheval assez d’impulsion pour le pousser sur la main… Lui donner assez d’impulsion pour se soulever sur la main. Alors pourquoi est-ce que l’embouchure ou la « non-embouchure » importe t’elle? Ce n’est pas du tout la main qui fait le mouvement, mais l’addition de la main, du poids du corps, de l’assiette, de la jambe et de l’énergie!! Si tout le reste est impeccable, le fait de ne pas avoir de mors ne devrait pas être un problème

n’est-ce pas? Personnellement, je vois le fait de faire des figures de dressage complexes
sans mors comme un superbe défi à relever… Dans ma tête, ce n’est nullement impossible!! Parce que je ne vois pas la main comme la partie principale du dressage, mais bien comme une partie secondaire qui soutient le reste.
Petite tranche de vie personnelle : J’ai été suivre une clinique de concours complet dans un centre très réputé du Québec. J’ai demandé à mon instructeur s’il était d’accord de me voir monter sans mors. Son visage indiquait clairement une appréhension, mais comme cet homme est ouvert d’esprit, il m’a donné son accord, me disant que si ça n’allait pas, on mettrait un mors, mais il m’a donné la chance de lui prouver que c’était sécuritaire. Nous avons commencé le cours, ma jument était stressée, mais entièrement sous contrôle, je n’en ai jamais entendu parler par la suite et j’ai fait exactement les mêmes exercices que tous les autres, et avec succès! Sur le terrain de cross et sur le carré de dressage, ma bride sans mors n’a jamais été un obstacle ou un frein!! J’ai été bien heureuse d’avoir un professeur de ce niveau et de ce 
calibre (il a fait les jeux panaméricains et avait été sélectionné pour l’équipe olympique, mais n’a pas pu y aller dû à un malheureux accident) en concours complet qui m’a laissé la chance de prouver que le mors ne fait pas le contrôle!!


Voilà pourquoi aujourd’hui j’ai la conviction que le fait de monter sans mors ne me ralentit pas, ne me restreins pas et ne m’empêche surtout pas de progresser. Je crois aussi que ma réussite sans mors part principalement du fait que j’y crois à 100%, jamais il ne me vient en tête que je pourrais rater quelque chose parce que je suis sans mors. Il n’y a aucune différence pour moi! Cela part aussi du fait que pour moi les mains ne font qu’encadrer, le mouvement ne part pas de la main… Il part de tout notre corps. Voilà pourquoi monter sans mors ne veut pas dire monter sans précision! Si vous montez en mors et n’avez pas de précision, ne pensez pas en trouver sans mors… Peu importe ce que notre cheval a sur la tête (ou pas), si vous savez utiliser tout votre corps, vous ne manquerez pas de contrôle. 






samedi 13 juin 2015

L’éducation VS le dressage



Voici un autre beau sujet de discussion! Le dressage VS l’éducation, un sujet que j’ADORE! J’entends tellement de choses, trop souvent, sur des sujets d’éducations. Les gens mettent énormément de temps sur le dressage du cheval et pas assez sur l’éducation. Avant tout, je vais commencer par clarifier ce premier point : Qu’est-ce que le dressage et qu’est-ce que l’éducation? Et clarifier la différence entre les deux. Parce que la différence est énorme et importante.
Le dressage : c’est apprendre au cheval à exécuter des mouvements sur demandent,

exécuter tel ou tel exercice et donner la bonne réponse à nos indications. Par exemple : lui apprendre à faire un parcours de baril, exécuter des figures de dressage, apprendre à accepter un cavalier, tourner, reculer, etc.
L’éducation, c’est d’apprendre au cheval à bien se comporter, à savoir se tenir, à comprendre les limites… Apprendre les bonnes manières quoi! Par exemple : apprendre au cheval qu’il a le droit d’avoir peur, mais pas de vous bousculer. Lui apprendre à ne pas vous arracher les rênes pour manger du foin. Lui apprendre que mordre n’est pas acceptable, etc.
La différence entre les deux termes est É-N-O-R-M-E! Beaucoup de chevaux sont très bien dressés et pas si bien éduqués. Les cavaliers mettent beaucoup de temps sur le dressage et trop peu sur leur l’éducation. Ils aiment aussi utiliser nombre de raccourcis
pour essayer de faire passer les mauvaises habitudes de leur cheval, utilisant des artifices qui ne règlent pas le problème. Vous en avez surement déjà entendu? Ton cheval tire en longe? Mets-lui la chaine de la longe dans la bouche! Ton cheval veut toujours galoper et est difficile à tenir? Mets-lui un mors plus sévère! Ton cheval donne des coups de tête? Mets-lui une martingale! Mais… le problème est encore là. Tout cela ne sert qu’à cacher le problème, mais il ne règle pas! Le cheval écoute par la douleur ou par la contention… Un jour, il risque de devenir insensible à cette douleur et le comportement deviendra de pire en pire. Ne serait-il pas plus respectueux de tenter de lui expliquer que ce comportement n’est pas désiré et lui offrir une alternative plus confortable pour lui et pour nous? L’éduquer, lui apprendre les bonnes manières et l’inciter à réfléchir. Trouverait-on acceptable de voir un parent mettre une muselière à son enfant parce qu’il cri en public? Le voir l’attacher sur une chaise parce qu’il bouge trop? Non, un parent éduque son enfant et lui explique les règles de conduite, en le laissant toute foi la chance de s’exprimer et de demeurer lui même.
Bien entendu, l’éducation du cheval passe beaucoup par le travail au sol et c’est une
partie du travail sur laquelle beaucoup de cavaliers lèvent le nez. Pourtant, n’y a-t-il pas plus important qu’un cheval éduqué, qui, en cas de panique, ne vous passera pas sur le corps? Qui ne vous bousculera pas à la vue du moindre brin d’herbe à manger? Qui ne passera pas près de vous casser un pied parce qu’il n’avait pas trop envie de faire attention à votre bulle? Qui ne vous bottera pas parce que vous êtes passé au mauvais moment derrière lui et qu’il se soit dit « tant pis »? L’éducation est la base de la sécurité à cheval. On instaure des limites et le cheval instaure aussi les siennes. Chacun apprend à respecter les limites de l’autre pour une meilleure compréhension et une meilleure sécurité quotidienne.
Il n’est pas énormément difficile d’éduquer son cheval. Il suffit d’être constant. La
constance est la clef du succès ici, il faut absolument s’en tenir aux règles instaurées pour qu’elles restent claires. Par exemple : Si un jour vous le laissez vous arracher les rênes pour manger du foin, parce que vous êtes particulièrement heureux et patient ce jour-là et que je le jour suivant vous le grondez fortement pour la même chose, parce que ce jour-là, votre humeur ne laissait pas passer cette action, comment voulez-vous que votre cheval s’y retrouve. C’est non un jour, c’est non toujours!
Si ma jument essaie de m’arracher les rênes pour manger, elle a droit à un NON et un petit coup de cravache sur l’épaule (petit, mais assez sec pour être convainquant). Pas de colère, simplement une énergie qui indique la désapprobation.  Jamais de colère! Bien entendu, nous sommes humains et il peut nous arriver de perdre patience! Il faudra se faire pardonner et être le plus juste possible par la suite. La « punition » n’est pas une mauvaise chose dans le contexte de l’éducation… Je préfère dire que le cheval à une

conséquence à ses actions. Comme il en aura une au pré s’il exagère et qu’il transgresse les règles du troupeau, le dominant le remettra vite à sa place : une petite ruade ou une bonne morsure. Le cheval sait pertinemment que cette conséquence était justifiée et que son acte n’était pas permis. Donner une conséquence parce qu’un cheval ne comprend pas un exercice, ça c’est un acte d’injustice qui ne sera pas apprécié par votre compagnon. Il ne comprend pas, ce n’est pas de sa faute. Lorsqu’il transgresse les règles établies, là c’est justifié. Les chevaux fonctionnent de cette façon dans le troupeau, il y a des règles de bonne conduite à suivre et des conséquences s’en suivront s’ils ne les respectent pas!
C’est donc à vous de construire votre propre code de conduite entre votre cheval et
vous-même et de vous y tenir. Par exemple : J’aime les chevaux qui sont expressifs et qui viennent me voir et me demander des gratouilles. Par contre, je n’accepte aucun cheval qui ne le « demande » pas de façon polie! Si un cheval arrive rapidement et me bouscule au passage pour exiger ses gratouilles, ou qu’il envahit mon espace sans considération, il se fera renvoyer illico!!! Je ne tolère PAS l’impolitesse! Si un cheval arrive doucement dans ma bulle, se tourne avec gentillesse pour m’indiquer où il veut être gratter, alors là, il y aura droit. Aucun cheval n’entre dans mon espace sans être poli.
Bref, j’espère avoir mis un peu au clair la différence entre l’éducation et le dressage et l’importance de l’éducation. N’est-il pas merveilleux d’avoir un cheval calme au montoir, qui se place lui-même pour que vous montiez et attend patiemment que vous lui donniez le signal pour partir? N’est-ce pas merveilleux de pouvoir descendre de cheval pour replacer des barres et avoir un cheval calme, à l’arrêt, qui attend patiemment que vous reveniez? N’est-ce pas sécurisant d’avoir un cheval en main qui, même s’il a peur, ne vous bousculera pas? L’éducation rend le fait de côtoyer les chevaux beaucoup plus sécuritaire et agréable. De plus, le cheval sera beaucoup plus calme, parce que les règles seront claires et toujours pareilles, il saura donc à quoi s’attendre. L’éducation, c’est gagnant/gagnant!