samedi 21 novembre 2015

Évitez de perdre la tête, mettez une bombe



Lorsque j’ai commencé à monter à cheval, pratiquement personne ne portait de bombe dans ma région. Ça ne faisait pas partie de notre mentalité… Ou bien les gens n’étaient simplement pas éduqués à ce sujet. La région où je suis était pratiquement entièrement western et je crois que la bombe était plutôt vue comme un accessoire d’équitation
classique.  Pour ma part, je ne savais même pas ce qu’était une bombe a mes débuts, car je n’en avais jamais vue… Personne n’en portait. Ce n’est que plus tard que j’ai appris son existence.
Je me conte chanceuse de ne m’être jamais blessée sérieusement, puisqu’étant débutante, je suis tombée plus d’une fois. Une chance pour moi, Mimi faisait attention à moi et ne tentait pas de me faire tomber, mais un accident, ça peut n’importe quand. Une amie à moi est déjà tombée de cheval et a eu une commotion. J’étais avec elle, nous étions jeunes, nous trouvions la situation comique, mais maintenant nous savons à quel point ça aurait pu être grave. Elle s’est relevée étourdit et avait une mémoire à court terme d’environ 3 minutes… Toutes les 3 minutes, elle nous demandait ce qui venait d’arrivée! Par chance, ça n’a pas été trop grave et elle s’en est bien remise.
J’ai ensuite rencontré quelqu’un qui commençait à monter classique et qui avait donc été éduqué en terme de port de la bombe et qui m’a donc éduqué à mon tour! Elle m’a raconté des histoires de gens qui étaient morts à la suite d’un bête accident parce qu’il ne portait pas de bombe… J’ai donc demandé à mes parents pour avoir une bombe et après leur avoir promis que j’allais bel et bien l’utilisé, j’ai eu ma première bombe… Que j’ai fini par casser (alors que je la portais) quelques années plus tard! Je ne la mettais pas
100% du temps, mais au moins je la portais assez souvent! J’ai appris a apprivoisé le casque, ne plus le sentir et par être incapable de ne pas le porter… Quand je ne la porte pas, aujourd’hui, je me sens toute nue, je me sens vulnérable… Un peu comme si je ne portais pas de ceinture de sécurité en auto. Je sais que si un accident survient, j’ai beaucoup plus de chance de me blesser gravement sans ma bombe.
Je crois que c’est en dressant Sonara (c’est moi qui l’ai dressée de A à Z) que j’ai commencé à la porter tout le temps (aujourd’hui même avec un vieux cheval qui à tout vu je la porterais quand même parce que j’ai compris…). Nara ne m’a jamais fait de « crise » ou de bêtise, mais tout le monde me disait que dresser un poulain serait dangereux et que j’aurais des réactions de peur, etc. Ça ne m’est jamais vraiment arrivé, mais j’ai continué à la porter parce que je m’y étais faite, la bombe avait pris la forme de ma tête et je ne la sentais plus du tout! J’avais pris l’habitude de la porter et je ne me sentais pas bien sans elle.


Sont venues ensuite des expériences personnelles qui ont consolidé mon idée de porter ma bombe :
La première est survenue lorsque je montais Sonara dans la cour d’une ancienne pension. On n’avait pas de manège et donc je faisais le tour de la maison et de la cour
arrière. Ce jour-là, en tournant le coin de la maison, il y avait une de ses décorations de Noël gonflable, mais elle n’était plus gonflée! Du coup, on ne l’a vue qu’une fois dessus. Une grosse tache de couleur en plein milieu de la neige blanche et uniforme. Sonara a eu peur, évidemment elle a fait un écart. Le problème c’est qu’il y avait un petit monceau de neige juste à côté d’elle et elle a bien trébuché dessus. Elle est presque tombée à genou et moi je me suis retrouvée couchée sur son encolure. Elle s’est relevée presque immédiatement, mais a encore trébuché en se relevant. Cette fois je n’ai pas pu tenir et je suis tombé tête première sur la glace. Je me suis immédiatement relevée pour aller chercher ma jument parce qu’elle se dirigeait vers la route, mais j’étais étourdie et j’avais un peu mal à la tête… Par chance j’avais ma bombe et c’est tout ce que j’ai eu comme conséquence.

La deuxième fois, c’était il y a un peu plus de 2 ans. Une chute ridicule, mais qui a frappé fort! C’était le printemps et je profitais d’une détente au pas avec ma jument au retour de notre séance de cardio dans notre chemin de campagne. J’étais bien détendue (un peu trop) en profitant de la chaleur du soleil printanier. Je me détendais, je ne montais plus… Un morceau de neige fondante est tombé dans le fossé juste derrière nous « swoushhhh ». Sonara a eu peur et a fait une foulée de galop en rentrant les fesses, mais moi je n’ai pas suivi, je suis tombée à la renverse et en me sentant lui tomber
sur son dos Sonara en a fait une autre, alors je suis tombée à la renverse, le dos sur le sol gelé… Incapable de me relever. Sonara m’attendait, mais après plus de 5 minutes à essayer de me relever sans être capable elle a fini par suivre le chien qui retournait à la maison. J’ai donc appelé de l’aide pour que la proprio de l’écurie récupère ma jument et vienne me chercher. Après une ne visite au CLSC rien de cassé, mais il m’a fallu un bon 2 semaines avant d’être capable de bouger sans trop de douleur et j’en ressens encore les séquelles aujourd’hui! C’est lors de cette chute que j’ai cassé ma bombe au niveau de la nuque. Et après avoir ressenti la douleur de mon dos, je suis heureuse de ne pas avoir eu le même choc directement sur ma tête! Ma jument n’est pas partie en folle sans pouvoir s’arrêter, elle n’est pas non plus partie en coup de cul!  Je ne suis pas une mauvaise cavalière, j’ai pourtant une bonne assiette… Mais je n’étais pas attentive… Un petit moment de peur de ma jument combiné à de l’inattention de ma part et voilà! C’était vraiment tout bête!!
On entend souvent dire que la bombe « c’est laid », « ce n’est pas confortable », ou encore « mon cheval est gentil », « je suis vraiment trop bon cavalier »… Aucune excuse n’est acceptable! Les bombes sont de plus en plus jolies, avec de plus en plus de style pour répondre à tous les goûts.  L’aération est meilleure, elles sont moins chaudes
et elles sont bien rembourrées. Pour les habiletés du cavalier, même les meilleurs tombent et même les meilleurs meurent à cheval… Des cavaliers expérimentés qui font du concours complet de niveau 5*(le plus haut niveau) meurent parfois sur le parcours de cross. Il arrive encore de voir des cavaliers professionnels avoir de mauvaise chute en compétition même s’ils sont de merveilleux cavaliers. Et puis, le cheval si gentil… bien sûr qu’un cheval gentil n’essaie pas de vous faire tomber (il est rare qu’un cheval tout court ait du plaisir à faire tomber un cavalier, c’est un animal généreux et docile), mais même le plus gentil des chevaux peut tomber lui-même en trébuchant quelques parts! Même le plus calme des chevaux peut avoir peur et faire un écart… Si un chien lui passe entre les jambes en courant sans qu’il l’ait vue venir, il se peut qu’il ait peur… On ne peut jamais savoir sur quoi on va tomber. Que vous fassiez de la balade au pas, de l’obstacle, du baril, de la plaisance western ou de l’attelage, VOUS NE POUVEZ PAS PRÉVOIR L’IMPRÉVISIBLE.  Des gens meurent à cheval! D’autre ont de si sévère dommage au cerveau qu’ils doivent réapprendre à manger, parler, marcher et d’autre reste dans un état végétatif… êtes-vous prêt à vivre cette vie? Ou même à ne plus vivre du tout?
Soyez intelligent, soyez responsable, portez une bombe et montez jusqu’à ce que vous soyez très, très, très vieux!!!


samedi 7 novembre 2015

La dérive de l’équitation moderne




Je ne sais pas pour vous, mais pour ma part j’ai remarqué que dès que l’argent et la compétition sont réunis, les résultats ne sont jamais très fameux pour les chevaux et qu’on tombe rapidement dans la démesure et la stupidité. Ne vous y trompez pas… J’ai eu le malheur de tomber aussi dans le piège et par chance un événement m’a fait
ouvrir les yeux bien grand et il était temps parce que j’aurais mérité une sacrée bonne gifle!! Dès que l’humain entre dans la zone compétitive, il ne peut s’empêcher d’essayer d’épater le voisin et d’en mettre plein la vue… Et comme nous sommes une espèce qui aime avoir tout, maintenant, nous sommes les plus ingénieuses pour trouver un moyen de tourner les coins ronds et d’accélérer les choses. Le problème dans tout cela, c’est que le cheval est un être vivant à part entière et que de ce fait, lorsque nous entrons dans ces techniques, il nous arrive très souvent de l’oublier dans tout ça et de lui manquer sévèrement de respect. Parce que là nous entrons dans la zone dangereuse… performer et gagner à tout prix! Et si le cheval
en paie le prix, tant pis… Il se reposera à la retraite ou bien on le vendra une fois qu’on l’aura bien entamé pour en acheter un tout nouveau, tout beau! On le traite comme une machine et non plus comme l’être vivant qui devra vivre avec les conséquences de nos actes. Oui, oui! Ces conséquences qui seront très souvent douloureuses et handicapantes pour le reste de ses jours… Et ça, c’est compté si une fois bien amoché on souhaite lui faire la fleur de s’occuper de lui, parce que là, il ne sert plus à rien et COÛTE de l’argent! Vous voyez où je veux en venir!? Le but est de gagner, peu importe si le cheval doit en prendre plein la tronche, il faut gagner des jolis rubans, faire des beaux sourires, serrer des mains, remporter de l’argent  et puis une fois le cheval un peu trop amoché et bien on changera pour un nouveau et on rangera l’autre aux oubliettes… Bon, là, comprenez-moi bien, je ne dis pas que c’est le cas de tout le monde, mais c’est le gros danger qu’il y a lorsqu’on mélange compétition, argent et
orgueils! On le voit de plus en plus ces temps-ci avec tout ce qui se passe, des horreurs que l’on voit partout sur les terrains de concours. C’est encore plus évident maintenant que tout le monde est armé d’un téléphone intelligent et qu’on a des réseaux sociaux pour bien disperser la nouvelle! Parfois on prend des moments sur le vif qui ne sont pas représentatifs… Le cavalier a perdu le contrôle, on a filmé un petit 30 secondes ou prit une photo et là c’est l’horreur!!!!!! Mais c’est parfois une simple perte de contrôle passagère qui a fait faire une erreur de mains ou de jambe au cavalier… Ça arrive! Mais bon, quand on arrive au stade du rollkür pendant plusieurs minutes, des chevaux avec des allures
mécanisées, des chevaux avec la tête derrière la verticale tout le temps, des chevaux montés avant l’âge de 2 ans, des chevaux privés d’eau pour être plus calme lors du concours, des poids sous les pieds pour qu’ils relèvent plus haut, des queues attachées sur le dos pour qu’il se la tienne bien haute, des coups de mors dans les dents pour qu’il la garde sa satanée tête en place, de la tête attachée au maximum de hauteur pour qu’après il la tienne en bas sa tête… Alors là on entre dans la démesure, dans le tournage de coin rond, dans l’artifice et dans l’excès… Le CA$H… Il en faut… Le FRIC… Il en faut plus! Il faut bien gonfler son petit orgueil! Plus de victoire, plus vite, plus haut, plus fort, plus impressionnante… Plus! Plus! Plus et encore plus! Puis ça mène à des chevaux avec la langue bleue, des morts humaines et équines, des membres sévèrement blessés ou fracturés, des chevaux très sévèrement arthrosé à 10 ans… Mais ce
n’est pas l’humain qui souffre, la plupart du temps, alors qui est-ce que ça dérange? Ce n’est qu’un animal… Un animal ultra-sensible capable de sentir une simple mouche sur son pelage! Mais non, il n’a pas l’air de souffrir, ce n’est qu’une légère boiterie! Sur un animal se trouvant être une proie… Une proie blessée est une proie facile à attaquer! Le cheval ne montrera pas sa douleur à moins d’être trop insupportable pour la cacher. Mais où est-ce que l’équitation s’en va? Ce sont les chevaux aux allures mécaniques, ceux qui sont bien tenus serrés, qui ne démontrent plus aucune expression, de parfaits petits robots… Ce sont eux qui gagnent… Mais où s’en va l’équitation? Je me demande ce qui se passe aujourd’hui, quand tourner les coins ronds et user d’artifices devient payant… Il faut réellement que le ménage soit fait dans le domaine équin… J’ai cette drôle d’impression que le sport hippique est dirigé par l’argent plus que par l’amour de l’animal! Je parle de l’animal comme un être vivant doté d’émotions et de sensibilité. On dirait qu’on le traite comme une simple machine!

Mais les gens s’ouvrent les yeux, ils s’éduquent et commencent à voir 
ces problèmes! Alors peut-être que si la pression du public augmente pour un sport sain… Peut-être qu’on pourra voir des changements plus positifs, parce que ce sport, qu’est l’équitation, est un sport magnifique où l’on peut voir évoluer l’humain et l’animal ensemble! Mais voilà, je comprends qu’on interdise les harnachements trop sévères en concours… Ce que je ne comprends pas c’est qu’on interdise aussi les harnachements moins sévères que demandé… Ne serait-ce pas merveilleux de démontrer nos habiletés avec le moins d’action mécanique possible? Avec plus de légèreté? Plus de sensibilité? Espérons que cela vienne!


Souvenez-vous que dans le travail " Less is more"