Les termes
punitions et renforcement sont souvent utilisés, mais sont très peu compris. Il
règne une grande confusion sur la signification et l’usage de ces termes. Nous retrouvons
les quatre termes suivants : renforcement positif, renforcement négatif,
punition positive et punition négative! Les termes positifs et négatifs se voient
souvent attribuer une connotation, les gens pensent que ces termes sont utilisés
pour en décrire le sens moral. Et donc que cela voudrait dire que l’action est positive
ou négative (bien ou mal). Négatif… ça sonne mauvais n’est-ce pas? Si vous
pensez ainsi, vous êtes dans l’erreur! Ces termes ont été appliqués dans une simple
intention mathématique. En terme positif +(on ajoute quelque chose) et négatif
- (on soustrait quelque chose)… et non pas dans la notion de bien ou de mal, de
mauvais ou de bon.
Renforcement
Renforcement
Commençons par
parler du renforcement, car c’est ce terme qu’on entend le plus souvent parler
de nos jours. Le renforcement est utilisé pour rendre un comportement plus
probable, c’est-à-dire que lorsque nous utilisons le renforcement, nous voulons
renforcer un comportement et faire en sorte que le cheval l’adopte.
Tout le monde se vante bien de travailler avec le renforcement positif, mais très peu parlent du renforcement négatif. Même si quelqu’un affirme ne travailler que dans le « positif », elle ne peut éviter le renforcement négatif, c’est impossible. Vous allez comprendre pourquoi sous peu!
Tout le monde se vante bien de travailler avec le renforcement positif, mais très peu parlent du renforcement négatif. Même si quelqu’un affirme ne travailler que dans le « positif », elle ne peut éviter le renforcement négatif, c’est impossible. Vous allez comprendre pourquoi sous peu!
Renforcement
positif : Ce
type de renforcement signifie qu’on ajoute quelque chose au cheval pour
renforcer son comportement (positif = addition). Dans la plupart des cas, les
cavaliers font ce type de renforcement en ajoutant une récompense comme une
gâterie, une bonne gratouille, une pause pour brouter, etc. tout dépendant de
ce qui motive le plus leur cheval. Le clicker training, par exemple, est une
méthode qui utilise le renforcement positif (voir : http://hippi-que.blogspot.ca/2016/02/a-la-decouverte-du-clicker-training.html). On ajoute donc quelque chose d’agréable
afin de motiver un peu plus le cheval à adopter ce comportement en mode
« tu voies quand tu fais ceci, c’est payant pour toi ».
Renforcement
négatif : Ce
type de renforcement signifie qu’on retire quelque chose au cheval (négatif =
soustraction). La plupart du temps, c’est la pression qu’on retire. La pression
n’a pas besoin d’être grande pour être considéré comme un renforcement! Pour certains
chevaux, un simple regard à un endroit stratégique ou encore le simple poids de
notre corps peuvent être considérés comme des pressions. Ce n’est donc pas une
question d’être « méchant » ou d’utiliser la punition… Les gens confondent souvent renforcement
négatif et punition, les punitions ont leur catégorie bien à elles! Même dans
une équitation de légèreté, il n’est pas possible de ne jamais utiliser le renforcement
négatif. C’est une simple question mathématique, on renforce le comportement en
retirant une pression au bon moment (voir :
http://hippi-que.blogspot.ca/2016/03/le-timing-evitez-de-vous-deregler.html). En mode « Tu vois? Lorsque tu te déplaces,
je retire mon doigt » ou encore « Quand tu arrêtes, je relâche les
rênes et tu es tranquille ».
J’aime
utiliser les deux types de renforcement, je crois que c’est la meilleure façon
de réussir! Si on reste dans la mathématique +1-1=0, si les deux types sont utilisés
de façon égale, nous atteignons l’équilibre! Comme avec une balance à plateau,
si chacun des plateaux contient le même poids, la balance est en équilibre.
Traduction et reproduction libre de la figure 4.10 de la page 94 du livre Equine Behavior A guide for veterinarians and equine scientists, second edition, Paul McGreevy. |
Punition
Lorsque nous
parlons de punition, on pense tout de suite négatif et « méchant ». Pourtant,
elle peut être utilisée d’une bonne façon qui ne porte pas atteinte au cheval
et qui peut s’avérer utile, à l’occasion, pour changer des comportements
dangereux par exemple. La punition est en effet utile lorsque notre but est de
voir un comportement disparaitre. Bien que nous voyons la punition comme un
terme négatif, voire agressif, ce n’est pas toujours le cas. Elle peut être utilisée
avec délicatesse, dans une situation donnée. Dans le cas contraire, abuser de
la punition peut être très néfaste et il faut savoir quand et comment
l’utiliser. Mal utilisé, elle peut faire des dommages profonds chez un cheval.
Punition
positive : la
punition positive est une réponse à un comportement non désiré, nous ajoutons quelque
chose en réponse à une action du cheval. Cette fois contrairement au
renforcement, ce n’est pas une récompense, mais l’augmentation d’une pression ou
une contrainte par exemple. Cela peut être l’ajout d’un stimulus désagréable
sur la manche d’un blouson afin qu’un cheval qui tente de mordre rencontre cet
inconfort et soit moins tenter de recommencer par la suite. Certains documents
ayant pour but de corriger les problèmes de comportement chez les étalons reproducteurs
utilisent parfois la punition. Lorsque l’étalon anticipe trop ce qui vient et
qu’il commence à s’exciter bien avant d’entrer dans la zone d’accouplement, il
peut démontrer des comportements dangereux. Une pression sèche sur le nez à
l’aide de la chaine de la longe ou une petite tape sèche sur l’épaule à l’aide
d’une cravache peut être appliquée afin de rendre ces comportements moins
attractifs pour l’étalon. On parle d’UNE seule correction et non pas de
plusieurs… Il est important de savoir faire la différence et de garder des
émotions neutres, l’agressivité n’est pas la bienvenue.
Punition
négative : La
punition négative comme son nom l’indique doit retirer quelque chose au cheval.
C’est un type de punition peu utilisé, car retirer un privilège chez un cheval
ne marche pas toujours comme avec un enfant hihi! Par contre, elle peut être
efficace chez un cheval agressif avec la nourriture, dès que le cheval démontre
un signe d’agression, on retire la nourriture, dès qu’il est calme, la
nourriture lui est retournée. Lorsque l’on gratte un cheval et qu’il commence à
pousser contre nous pour se gratter davantage, on arrête de le gratter et on se
retire. Cette punition n’est donc pas méchante, c’est une simple question de
retirer un avantage au cheval lorsqu’il démontre un comportement qui n’est pas
désiré! Tout simplement. Il peut alors faire le lien entre le retrait de la
sensation agréable chaque fois qu’il démontre tel ou tel comportement.
Il faut
toutefois être très prudent lorsqu’on utilise la punition. Un cheval qui aurait
été punie trop souvent et pour tout et n’importe quoi sera un cheval qui
n’essayera plus. Je m’explique : par peur de se faire punir, il ne tentera
plus de trouver les réponses à nos demandes par essai et erreur. Comme il sait
que s’il fait une erreur, il sera puni, il n’essayera plus. Un excès de
punition peut donc nuire à l’apprentissage d’un cheval, le rendre nerveux,
confus et inquiet. La punition n’est pas forcément un acte à condamner, mais
elle doit être utilisée avec délicatesse, occasionnellement, et lorsque la
situation le demande! Il faut également s’assurer que la punition est associée
au comportement que l’on souhaite voir disparaitre, car il pourrait créer de belle
surprise. Punir un cheval pour avoir fait tomber une barre en saut d’obstacle
ne sera pas associé à la faute, mais sera associé à l’obstacle en général… Cela
créera plus de tort que de bien. La punition peut également exacerber le
comportement que l’on souhaite voir disparaitre, en cas de peur notamment.
Punir un cheval qui se cabre parce qu’il a peur, lui fera encore plus peur et
risque de faire empirer la situation. Il
faut donc être prudent et ne l’utiliser que lorsqu’elle est réellement requise.
Tout est une question d’équilibre et de délicatesse.
Voilà qui, je
l’espère, a pu clarifier un peu ces termes souvent rencontré, mais très peu
compris!
Source: McGreevy, Paul, Equine behavior, A guide for veterinarians and equine scientists, second edition, saunders elsivier